Bruto Ranaivoson, ingénieur agronome, travaille pour l’antenne Cœur de Forêt Madagascar depuis novembre 2015. Il revient sur son parcours, sa motivation et ses missions.
Une volonté d’améliorer le quotidien des paysans malgaches
Après avoir commencé des études en management à Tananarvie, la capitale de Madagascar, je me suis rapidement rendu compte que ce n’était pas une filière qui me correspondait.
Je me suis donc redirigé vers un Master en sciences agronomiques, parcours développement agricole et rural que j’ai obtenu en 2014 à Antsirabe. J’ai toujours été animé par cette volonté d’améliorer le quotidien des paysans malgaches. Les agriculteurs ici ont de très faibles revenus, ne sont pas toujours formés aux techniques qui pourraient améliorer leur rendement et n’ont pas toujours la démarche d’entreprendre ou d’expérimenter de nouvelles cultures ou de nouveaux modes de production.
De Majunga à Antsirabe
Ma première expérience professionnelle m’a mené (ou plutôt, m’a « ramené ») sur mes terres natales, dans la province de Majunga. Je menais des actions sur le renforcement des capacités des agriculteurs afin d’améliorer leur production de riz (lutte biologique, techniques de production, engrais biologiques, modes de production…). Plus de 300 membres de trois districts différents ont bénéficié de ce projet.
J’ai ensuite été embauché par l’association Cœur de Forêt en fin d’année 2015, en tant qu’ingénieur agronome.
Gérer, coordonner, échanger, transmettre
J’ai plusieurs missions à ma charge. Je m’occupe de la gestion de la pépinière, je mène toutes les actions en recherche et développement sur la plateforme d’expérimentation à Ibity (agroforesterie, associations culturales, luttes biologiques…).
J’ai en charge également toutes les reforestations (organisation, plantation et suivi) et je suis représentant d’Equimada, la coopérative de fabrication d’huiles essentielles. J’aime vraiment transmettre mes connaissances aux agriculteurs.
Mais une des raisons principales qui me motive dans mon travail, c’est le fait de pouvoir participer à la conservation de l’environnement à Madagascar.
Le bois, essentiel pour le quotidien des habitants
Je pense que les gens n’arrêteront pas de couper des arbres. Ici à Madagascar, il y a une majorité d’agriculteurs et de paysans. Les malgaches utilisent principalement le bois pour se chauffer et pour cuire la nourriture.
Malheureusement, l’utilisation de systèmes solaires ou du gaz n’est pas répandue et il y a un manque de sensibilisation des communautés locales.
Aussi, le problème, c’est que plusieurs associations mènent des campagnes de reboisement. Mais la période qu’elles choisissent pour mettre en place ces actions ne sont pas adaptées et sont mal choisies. Si on reboise vers la fin des saisons des pluies, ça augmente la mortalité des arbres. Il est préférable de replanter en tout début de la saison des pluies, en décembre ou janvier.
La conservation de l’environnement pour la préservation des populations
Les gens ici ont des enjeux immédiats comme la survie, manger, boire, s’abriter… c’est leur quotidien.
Il faudrait donc leur montrer en quoi préserver l’environnement pourrait permettre d’améliorer leur vie. Par exemple, avec des systèmes d’agroforesterie, on obtient rapidement de meilleurs rendements, et donc, des revenus plus élevés.
Il est essentiel de sensibiliser les communautés locales sur les conséquences néfastes de la culture sur brûlis ou de la déforestation. Il faut qu’elles comprennent que les générations futures n’auront plus assez de ressources naturelles.
J’espère aussi qu’il y aura une prise de conscience des élus, des autorités et qu’il y ait un vrai mouvement général pour la préservation de notre environnement à Madagascar.