[Rapport 2017] Croissance des capacités de production à Masoala et préservation
top of page
  • Photo du rédacteurAlice Gontier

[Rapport 2017] Croissance des capacités de production à Masoala et préservation

Dernière mise à jour : 5 mai 2023


Le projet Cœur de Forêt Masoala se situe au Nord-Est de Madagascar. Il s’étend sur l’ensemble de la commune d’Ambohitralanana (50 km au Sud de la ville d’Antalaha) et en particulier sur l’axe fluvial de l’Onive situé à la périphérie nord du Parc de Masoala, plus grand parc national malgache et abritant une biodiversité particulièrement riche. Le projet se concentre plus particulièrement sur les villages situés entre Ambatobe et Anjia.

Le Parc National de Masoala, créé en 1990, a permis de préserver une zone de 230 000 ha et de mener plusieurs recherches sur la faune et la flore (à l’image de l’expédition du Radeau des Cimes en 2001 menée par Francis Hallé).

Cependant, depuis 2009, le Parc et les abords du Parc subissent une très forte pression humaine pour l’exploitation de bois précieux (bois de rose, bois d’ébène, palissandre notamment) et pour la culture de tavy (culture mixte de riz et fruits sur colline par brûlis). Chaque année de grandes surfaces supplémentaires sont défrichées, surfaces destinées à la culture du riz sur brûlis. Ainsi de 1950 à 1991, la forêt autour du fleuve Onive est passée de 20 405 ha à 16 803 ha et d'ici une dizaine d'années l'intégralité des forêts situées hors du Parc auront disparu.

Région historique de production de vanille bourbon, la presqu’île vit également au rythme de la fluctuation artificielle des prix, rendant d’une année sur l’autre la filière attrayante avec des prix de vente élevés, tantôt sans intérêt au vu des faibles cours.

Dès lors, le projet entend développer des alternatives économiques viables en proposant un schéma visant à valoriser les produits forestiers non-ligneux, par la mise à disposition de moyens de valorisation : hangar de séchage, alambic pour la production d’huiles essentielles, presse végétale pour la production d’huiles végétales. Le projet entend également appuyer la structuration des producteurs et des filières afin de pérenniser les alternatives économiques développées.

Cyclone Enawo

L’île de Madagascar a été frappée le 7 mars 2017 par le cyclone Enawo. Avec des vents allant jusqu’à 295 km/h, ce cyclone de catégorie 4 a causé de nombreux dégâts sur la région de Masoala. Lors d’une catastrophe naturelle de cette gravité les risques sont multiples pour les populations et pour les infrastructures, et malheureusement cette année la région a compté 85 morts et 230 000 sinistrés suite au passage du cyclone.

Sur les lieux du projet, les dégâts portés par l'ouragan n'ont heureusement été que matériels. Ainsi une perte de 30% au moins a été constatée sur les plantations de cacao de la coopérative Masoala Arômes par exemple. 2000 cacaoyers actuellement en pépinière vont pouvoir être plantés en remplacement. Par ailleurs, seulement 300 plants de patchoulis ont survécu parmi les 1100 qui étaient en pépinière.

Une grande partie du travail de suivi technique des producteurs pour déterminer les capacités de production des prochains cycles sera aussi à refaire afin d’actualiser les données après le passage du cyclone.

Reforestation& Préservation

Cette année, 4197 arbres issus de 10 espèces différentes ont été plantés sur les terrains des agriculteurs. 4 producteurs ont ainsi été investis durant cette campagne de reforestation.

Les rondes de surveillance hebdomadaires (une quarantaine par semestre environ) afin d'éviter les défrichages et les brûlis dans la zone de Masoala se poursuivent. Ces rondes sont aussi l'occasion de poursuivre la prévention des brûlis et la sensibilisation des populations locales pour lutter contre ces techniques dévastatrices. Sur l’année 2017, aucun brûlis n'a été constaté, seuls quelques pièges à lémurien ont dû être désamorcés. Au-delà, une forte diminution des défrichements a également été constatée, mais ceci doit être mis en parallèle avec la très forte augmentation des prix de la vanille cette année, concentrant les défricheurs vers cette activité plus lucrative.

D'autre part, la gestion de la turbine hydro-électrique est en bonne voie d’autonomisation avec la passation progressive de son administration aux populations locales qui gèrent de mieux en mieux l’infrastructure, 35 foyers sont désormais raccordés à l'électricité soit environ 170 personnes.

Appui aux producteurs

Au cours de l’année, les techniciens agricoles de l'association Génération Masoala, antenne locale de Cœur de Forêt, ont pu visiter 30 producteurs soutenus notamment dans le cadre de la production de Cacao (Theobroma cacao). Ces visites ont permis de dispenser des recommandations techniques, de former et transmettre aux producteurs de bonnes pratiques de culture et d’entretien, aussi efficaces que saines pour l'environnement.

3 assemblées générales ont par ailleurs été tenues. Les thématiques de la gouvernance, de la répartition des responsabilités (avec notamment rédaction et affichage des fiches de postes), et de l'organigramme ont été abordées. Des formations continues ont également été effectuées sur la tenue de la comptabilité et sur la mise en place d'un plan de développement pour la coopérative. L’autonomisation financière et de gestion de la coopérative Masoala Arômes est ainsi en très bonne voie.

Enfin, 300 plants de patchoulis ont été transplantés sur le terrain de la coopérative pour observer l'efficacité d'une association avec le cacao.

Valorisation

Cette année a vu la croissance des capacités de production de la coopérative, et confirmé l'efficacité de la valorisation. Les produits suivants, issus des cultures et du travail des producteurs ont ainsi été valorisés:17 kg d'huile essentielle de Longoza graines & feuilles (Aframomum angustifolium) ont été commercialisés, 1000 L d’hydrolat de Longoza, 2 kg d’huile essentielle de Curcuma, 18 kg de fèves séchées de Cacao ont été produits, dont 9,5 kg sont déjà vendus et 30 kg d'huile végétale de Moringa (Moringa oleifera) ainsi que 17 kg d’huile végétale de Calophyllum (Calophyllum inophyllum) ont été tirés des amandes issues des arbres grâce à la presse.

Une nouvelle campagne de récolte de résine de Canarium (Canarium madagascariensis) a également été lancée. En fin d’année, c’est près de 400 kg de résine qui ont déjà été récoltés sur un objectif de 500 kg. L’expédition est ainsi prévue pour le premier semestre 2018

Enfin, le commerce de blocs de glace qui fut initié en janvier 2016 année pour permettre aux pécheurs de la côte avoisinante d’acheminer leurs produits dans de meilleures conditions sanitaires, s'est aussi bien porté avec 178 blocs de glace vendus aux populations environnantes dépassant le contexte de départ pour cette activité économique.

Merci au soutien de nos partenaires, ainsi qu’à l’ensemble de nos donateurs qui encouragent les actions de Coeur de Forêt.


bottom of page