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Madagascar en alerte : le cyclone Freddy frappera l'île ce soir

Photo du rédacteur: Elisa FauvernierElisa Fauvernier


Le Cyclone Freddy, des rafales à plus de 230 km/h

Cette semaine, c’est tout l’archipel des Mascareignes qui est en alerte maximale. Ce soir, le cyclone “Freddy” va frapper l’île de Madagascar par sa puissance qualifiée de “très destructrice”. Avec des rafales à plus de 300 km/h, toute l’île a été placée en vigilance jaune mais c’est plus particulièrement la zone située entre Nosy-Varkika et Mananjary qui sera touchée. Suite au cyclone Batsirai, la population s’est mieux préparée mais les dégâts seront inévitables.

Si le cyclone devrait perdre en intensité en progressant vers Madagascar, il promet d’ébranler la zone : Vents dévastateurs, pluies torrentielles de 180 millimètres et une mer supérieure à 10 mètres. Selon le Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes estime que 65 000 foyers, soit 327 876 personnes pourraient être sinistrées.


ll y a un an, le cyclone Batsirai frappait l’île de Madagascar laissant derrière lui de lourds dégâts. Plus de 112 000 malgaches étaient sinistrés et plus de 60 000 déplacés. 300 000 à 400 000 personnes n’ont plus eu accès aux soins du fait des dégâts causés aux infrastructures de santé à travers le pays pendant plusieurs semaines, sans compter les milliers d'enfants privés de lieu d'enseignement, car 2 600 écoles ont été mises hors d'usage par le cyclone ou mobilisées pour abriter les sinistrés à travers le pays.

Parmi les régions les plus touchées, nous avions celle de Mananjary, dont Lauréat Mandresilahatra (coordinateur du projet Antsirabe) est originaire. Rafales à plus de 180 km/h, montée du niveau de la mer et des déferlantes de vagues de 12 mètres de hauteur ont ravagé le village.


Bilan, 90% des maisons ont été détruites par Batsirai, de nombreuses rizières saccagées, mais aussi les stocks de nourriture issus des récoltes précédentes. La sécurité alimentaire a été sérieusement menacée pour plusieurs mois dans de nombreuses régions de Madagascar. La période de soudure risquait d'être beaucoup trop longue et intense. Pour les personnes vivant de l'agriculture vivrière, comme c'est le cas à Mananjary, la période de soudure est la période de l'année précédant les premières récoltes et durant laquelle les produits des récoltes précédentes viennent à manquer. Les pénuries qui arrivent alors entrainent une flambée des prix parfois accentuée par la spéculation.

À Mananjary au lendemain du passage du cyclone, la situation était critique et l'émotion vive. Les villageois qui n’ont pas perdu la vie erraient dans les rues. Sans refuge où s’abriter, sans nourriture, ni eau potable et surtout sans matériaux pour reconstruire tout ce qu’ils avaient perdu.


Une mobilisation sans précédent de notre équipe Coeur de Forêt Madagascar et l'installation d'un projet à plus long terme pour reconstruire la région.


Grâce aux nombreux dons suite à cette catastrophe, nos équipes locales se sont démenées pour affréter des vivres et aider les populations à reconstruire leurs infrastructures. Concrètement, grâce à votre aide nous avons pu :



  • Transporter 18 tonnes de riz, 3,5 tonnes de haricots,1 tonne de sel, 800 Kg de produits laitiers, 900 litres d'huile, 100 Kg de sucre, 170 cartons de savon, 45 cartons de briquets et d'allumettes, des produits pour purifier l'eau ainsi que des vêtements.

  • Aider 3500 familles soit près de 16 500 habitants de zones peu accessibles : les villes de Mananjary et Fokontany (village traditionnel Malgache).

Nous tenons à vous remercier, nos donateurs, salariés, volontaires et bénévoles pour cette mobilisation hors normes qui a bénéficié à tant de personnes.

Presque jour pour jour après cette catastrophe, la tempête Freddy menace donc à nouveau de détruire les efforts réalisés pour reconstruire la région. Dans la nuit de mardi à mercredi, ce nouveau cyclone a frappé l’Est de l’Île et causé de nouveaux dégâts. Nous sommes en attente d'un bilan précis des dégâts et des actions d'urgence que nous allons déployer.


La différence par rapport à l'année dernière ? Nos équipes et les activités lancées cette année sont directement menacées.


Suite notre intervention d'urgence pour le cyclone de Batsirai, notre association a été identifiée comme une structure de confiance par le département et les instances locales (notamment le département de la Réunion). Ces acteurs ont alors décidé de nous apporter des financements afin d'ouvrir un nouveau projet de développement aux alentours de la ville de Mananjary.

C’est ainsi qu’est né le sous-projet “Avotra” l’acronyme de “Accompagner la région Vatovavy dans l'Orientation vers la TRansition Agroécologiques” mais qui peut également se traduire par “sain et sauf”. Depuis octobre 2022, nous intervenons dans cette nouvelle zone, additionnelle du projet Madagascar Antsirabe, afin d’augmenter la résilience des exploitations agricoles familiales par des pratiques agroécologique et forestière et plus particulièrement face aux enjeux climatiques :

  • Le passage du cyclone Batsirai a détruit de nombreuses parcelles agricoles dont beaucoup d’arbres fruitiers, indispensables à l’alimentation des populations locales. Nous avons donc initié la préparation de 15 000 arbres majoritairement fruitiers afin de les planter en agroforesterie. Bonne nouvelle, nous avons décidé d’attendre le mois d’avril pour lancer les campagnes de reforestation sur cette zone. Les plants sont donc actuellement en pépinière et seront mieux protégés du passage du cyclone Freddy.

  • En 2022, le cyclone Batsirai avait également décimé des salles de classe construites en matériaux instables, laissant les enfants sans école. Cette année, nous avons pu reconstruire ces salles de classe destinées à des élèves de maternelle et du collège avec des matériaux solides et résistantes aux intempéries.



Grâce à ces actions qui prennent en compte le risque cyclonique, nous devrions réussir à amortir le choc de ce nouveau cyclone.

Quel lien entre changement climatique et cyclones ?

N'oublions pas le lien entre ces aléas climatiques extrêmes et le réchauffement climatique. Dans le cinquième rapport du GIEC (2013), les scientifiques nous alertent sur le fait que les plus gros cyclones risqueront d’être plus puissants en raison du changement climatique. Depuis 1971, la surface de l’océan s’est réchauffée de plus de 0,1 °C par décennie au niveau mondial. En conséquence, les vents moyens et les précipitations liées aux systèmes cycloniques devraient être plus intenses.

Et pour preuve, les tempêtes, inondations et autres catastrophes qui frappent Madagascar et de nombreuses aux régions du globe s’intensifient fortement depuis 10 ans.

C'est pourquoi, il est de notre devoir d'accompagner ces populations en construisant des modèles qui prennent en compte ces risques et permettront d’éviter leurs répercussions.


Aujourd’hui, nos équipes sont en plein préparatifs pour se protéger de ce nouvel impact. Sous une pluie et des vents déjà intenses, nous comptons les heures avant l’arrivée du cyclone Freddy qui doit atteindre l’île cette nuit. Nous vous tiendrons au courant des dégâts causés par son passage et vous donnerons des nouvelles de nos équipes.






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