Ces dernières années, les campagnes de reboisement explosent. Mais alors, reboiser, régénérer ou préserver les forêt, quelle différence ?
Le reboisement combat l’érosion des sols et permet la régulation des ressources d'eau. Les arbres offrent du bois et des produits non ligneux aux populations locales, détournant la pression exercée les forêts anciennes.
Des recherches montrent que les forêts tropicales réussissent à se régénérer à une vitesse étonnante si les sols ne sont pas trop dégradés. Elles peuvent repousser rapidement pour retrouver un écosystème forestier fonctionnel en l’espace de 10 à 20 ans seulement (Source : Masha van der Sande et Dylan Craven (Universidad Mayor). Il est donc essentiel d'agir vite et de réguler les activités agricoles pour éviter l'épuisement des sols.
Les écosystèmes forestiers, puits de biodiversité irremplaçables
Mais ne l'oublions cependant pas, les forêts ne sont pas une simple juxtaposition d’arbres. Ce sont des écosystèmes uniques et complexes, qui rassemblent plantes, insectes, animaux et micro-organismes. Face à l'urgence climatique ainsi qu’à la vitesse de destruction des habitats naturels et de la dégradation des sols, il est impossible de reconstituer la biodiversité d’une forêt ancienne si rapidement dans la plupart des zones du globe.
Selon une étude menée par la FAO, la superficie des forêts s’est accrue ces dernières années avec 294 millions d’hectares plantés, sans parvenir à contrer le poids de la déforestation mondiale : entre 2015 et 2020, ce sont 5 millions d’hectares plantés en moyenne chaque année, pour 10 millions d’hectares déforestés…, ce qui peut équivaloir à une perte nette de 5 milliards d’arbres par an !
Les forêts anciennes naturelles sont de plus en plus dégradées, pourtant elles abritent une biodiversité irremplaçable, fournissent de nombreux services (eau, nourriture, etc...) et permettent à plus d'1,6 milliard d'êtres humains à travers le monde de vivre, générer ou compléter leurs revenus. Il est indispensable de les préserver, car leur dégradation et leur conversion vers d'autres usages (agriculture / urbanisation) sont irréversibles. Il faut des centaines d'années pour atteindre un écosystème de forêt ancienne, une plantation ne remplit pas toutes les fonctionnalités d'une forêt ancienne en 10 ans.
Depuis le plan de reforestation lancé par l’ONU en 2006, la plantation d’arbres est devenue l’une des 1ères solutions prônées pour contrer cette déforestation mondiale. Pourtant, parmi la superficie des forêts plantées, la FAO estime que 45% sont des « forêts de plantation ». Exploitées de manière intensive, leur composition se limite généralement à 1 ou 2 essences, indigènes ou exotiques, plantées en peuplements équiens (de même âge) et selon un espacement régulier. Évidemment les forêts de plantation peuvent jouer leur rôle en fournissant des produits et services pour réduire les pressions sur les forêts naturelles. Mais restons dans la nuance ! Que des plantations soient nécessaires et utiles ne veut pas dire que c'est LA solution providentielle, à grande échelle et dans tous les contextes.
La vision de Cœur de Forêt ?
Si la plantation est un des piliers de notre modèle de développement, notre travail se concentre avant tout sur les causes de la déforestation.
Pour agir contre la destruction des écosystèmes forestiers et protéger les populations qui en dépendent, il est nécessaire de réduire les causes de la déforestation ET de régénérer les écosystèmes endommagés. Nous n'avons plus le luxe d'ignorer l'urgence, l'action doit être efficace ! Les solutions proposées doivent être réellement holistiques.
Ne perdons pas de vue l'objectif à atteindre : enrayer l'extinction de la biodiversité et la déforestation ! Pour cela, priorité à la préservation des forêts existantes, empêchons la conversion des forêts anciennes.
(Source : scientifiques du Centre commun de recherche (JRC), du Cirad, du CIFOR et de l’INPE, mars 2021 ; FAO : « La situation des forêts du monde » 2020)