Rapport Annuel 2021 : Projet Bolivie [2/2]
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  • Photo du rédacteurElisa Fauvernier

Rapport Annuel 2021 : Projet Bolivie [2/2]

Dernière mise à jour : 18 oct. 2022




Partie 2 : Appui des producteurs, valorisation et appui économique



Expérimenter de nouvelles techniques de production



Afin de mieux répondre au contexte local le champ d’action du projet a été élargi à la culture de coca biologique, tout en excluant de nous impliquer sur la vente. L’objectif est bien de travailler sur l’impact de la culture de coca sur les écosystèmes. Consommée couramment par les populations locales et faisant partie intégrante de leur culture, la production de coca constitue l’une des principales sources de déforestation et de dégradation environnementale locale.



3 parcelles expérimentales ont été définies pour suivre chacune un protocole spécifique tout en analysant régulièrement les sols et ainsi minimiser les impacts négatifs de ces productions. Sur ces parcelles, nous travaillerons avec 2 productrices :


- Naley Molina, de la communauté de Miraflores. Cette parcelle a été défrichée il y a 2 ans seulement, le taux de matière organique contenue dans les sols est encore assez élevé. Toutefois, le sol est empoisonné par l’aluminium et son pH est très acide. L’enjeu sur cette parcelle sera donc de déterminer le meilleur apport de fumier nécessaire afin de rééquilibrer le pH du sol et limiter l’impact de l’aluminium.


- Patricia Viellegas, de la communauté de Paco. Ce terrain se situe dans une très forte pente avec une parcelle cultivée depuis 28 ans. Dans ce contexte, l’exploitation de la parcelle risque d’avoir causé un lessivage du sol, c’est-à-dire que les éléments nutritifs présents à la surface du sol ont été emportées par la pluie vers les parcelles plus en aval. Les analyses réalisées ont confirmé l’infertilité du sol, appauvri en humus. L’enjeu portera sur un fort apport de fumier en premier lieu, puis une stabilisation à taux optimal grâce à l’utilisation de Bois Raméal Fragmenté (paillage des sols grâce à un mélange de rameaux de bois broyés).


Afin de s’assurer du bon déroulement des cultures sur ces parcelles, Vianney Destombes, volontaire en service civique arrivé sur le projet cette année, s’est chargé de rédiger les protocoles pour ces parcelles.


Le lancement de ces protocoles s’est d’abord fait sur la parcelle de Patricia Viellegastandis que la mise en place avec Naley Molina a été repoussée à 2022 pour des questions logistiques.



Veronica Mamani Azucena, responsable du développement des filières de plantes aromatiques et médicinales et valorisation des produits agricoles du projet, a également été missionnée comme assistante technique sur le suivi des parcelles coca. Au total, elle a réalisé 23 visites de suivi sur les parcelles expérimentales. Lors de ces visites, les purins et biopréparations nécessaires pour le contrôle des maladies, chaulage, application de biol ; ont été préparés et appliqués.


Capitaliser sur les nouvelles techniques


Les protocoles suivront l’application de plusieurs traitements : l’utilisation de Bois Raméal Fragmenté permettant de travailler sur les apports carbonés dans le sol, la fertilisation par l’application de fumier de lama et la plantation d’essences forestières ou plantes arbustives participant à la conservation du sol et à la lutte biologique contre les ravageurs.


Le lancement des parcelles expérimentales permettra d’analyser l’efficacité des différents traitements et d’orienter les choix techniques pour les cultures à venir.


- La qualité chimique et physique du sol : Des analyses de sol complètes ont permis de dresser la composition initiale des parcelles. Tous les 6 mois, nous faisons des analyses intermédiaires pour suivre l’évolution dans la composition du sol.


- La qualité biologique du sol : Elle est mesurée via la méthode “Tea Bag Index”. En enterrant des sachets de thé (thé vert et thé rooibos) dans les sols pendant 90 jours, puis en comparant leur poids avant les 90 jours et après avoir été déterrés et séchés, on peut estimer le niveau d’activité biologique du sol. Après une mesure en début de protocole, la méthode “Tea Bag Index” sera renouvelée tous les 2 mois pour suivre l’évolution de l’activité biologique des sols.


- Les variables relatives à la récolte : La taille des feuilles reflète la réception des apports organiques par la plante et son bon développement en conséquence. La durée des cycles de production également, plus ils sont courts, plus la plante est productive. Ces deux critères sont à suivre simultanément pour juger de l’efficacité d’un traitement sur l’augmentation des récoltes. Enfin, en suivant le taux de matière fraîche et de matière après séchage des feuilles, l’équipe peut évaluer la rentabilité du “cocal” (champs de coca).


Les études sur la parcelle de Patricia Viellegas ont montré une importante hausse de la matière fraiche, mais pas de la matière sèche. Le fort taux d’amendement a donc entraîné un fort taux d’humidité dans les feuilles donc une moins bonne qualité des feuilles.


L’étude va se poursuivre en 2022 pour étayer les résultats.


Formation des producteurs


Des fiches permettant la comparaison entre les systèmes traditionnels et agroécologiques ont été distribués aux producteurs bénéficiaires.


Un programme de formation sur les systèmes agroforestiers de coca biologique a été mis en place. Il porte sur 4 notions principales :


- Sol : l’évaluer, l’analyser, corriger le pH

- Lutte contre les ravageurs et maladies : élaboration de biopréparations

- Agroforesterie : concevoir un système agroforestier en fonction du contexte de la parcelle

- Irrigation : Appliquer le système d’irrigation artisanal en considérant la saison sèche


Ce programme compte un module pour faciliter les échanges d’expériences de producteur à producteur. Il a pour vocation d’améliorer la passation d’informations et de bonnes pratiques directement entre pairs. Pour l’heure, le programme de formation sera implémenté sur une durée d’un an environ, et s’enchainera sur une année de suivi des parcelles sans intervention de l’association. La mise en œuvre du programme démarrera au cours de l’année 2022.


Appui à la mise en place des systèmes agroforestiers


En 2021 29 producteurs sont autonomes ils sont officiellement sortis du projet d’appui au systèmes agroforestiers de café.


Concernant les producteurs toujours en cours de formation, 7 ateliers ont été réalisés avec 9 bénéficiaires. Au cours de ces journées, les producteurs ont été formés à différentes thématiques : préparation de terrain, fertilisation, contrôle des maladies, courbes de niveau, systèmes de plantation et bio-préparations.

Pour suivre la production des parcelles, des visites de suivi ont été effectuées chez 10 bénéficiaires dans des systèmes agroforestiers. Parallèlement, 43 visites ont été organisées chez les producteurs de plantes aromatiques et médicinales, 17 d’entre elles concernaient l’achat de Hierba Luisa et d’Hibiscus.


Sur la parcelle de Cœur de Forêt, 7 journées d’activité ont été organisées autour de la récolte, le repiquage, l’application de biol. Grâce à ce travail de suivi et de formations, 558,5 kg de masse verte fraiche de citronnelle et 31,5 kg d’hibiscus frais et séchés ont été achetés aux producteurs suivis. Nous avons ainsi pu produire 1 076 litres d’huile essentielle et 165 litres d’hydrolat.

Le nouveau projet de production de coca biologique en système agroforestier a été présenté à la communauté de Miraflores, département relié à La Paz. Le projet s’est tourné vers d’anciens bénéficiaires de production de café ainsi que vers les actuels bénéficiaires des expérimentations sur la coca. 6 producteurs ont manifesté un intérêt à devenir bénéficiaire du projet et ont signé une convention de travail avec Cœur de Forêt. 4 visites se sont déroulées en fin d’année pour identifier l’état préliminaire des parcelles avant d’établir des diagnostics.


Développement de l’apiculture



En 2021, 1 tonnes de miel auront été achetés aux producteurs pour un prix qui varie entre 40 et 45 bolivianos par kilogramme. Grâce à cette production, les producteurs auront généré 42 693 bolivianos, soit 5 400€.


Un plan de formation s’étalant sur deux ans et demi permettant d’atteindre une autonomisation technique des apiculteurs a été mis en place. Cette formation comprend 6 visites ainsi que 4 ateliers par apiculteur. Elle fournit également le matériel classique d’apiculture (gants / masque / habits / enfumoir etc.). Sur ces deux ans l’association distribuera progressivement 5 ruches aux apiculteurs ainsi qu’une centrifugeuse. Ce choix fait écho aux modélisations financières développées à la fin de l’année dernière et assurera une très bonne base de travail pour l’apiculteur et un intérêt financier certain.


Un “carnet producteur” a été distribué à chacun des apiculteurs appuyés. Celui-ci sera dorénavant remis en début de formation aux nouveaux apiculteurs, qu’ils doivent conserver, remplir si nécessaire, et présenter à chaque passage du responsable pôle apiculture.


Dans cette logique de développement des filières d’apiculture, 120 visites de suivi ont été réalisées auprès des apiculteurs.

Au cours des visites, les apiculteurs ont reçu leur propre matériel nécessaire pour exploiter leurs ruches. Cette année, 7 nouveaux bénéficiaires ont intégré le projet : 2 apiculteurs utiliseront des ruches classiques et 5 autres utiliseront des ruches mélipones. Comme prévu initialement, l’association a distribué aux bénéficiaires 50 nouvelles ruches classiques et 20 nouvelles ruches mélipones. Pour former ces nouveaux apiculteurs, 3 ateliers ont été réalisés afin qu’ils découvrent les techniques liées à la cire d’abeille.


Les abeilles mélipones sont originaires d’Amérique du sud. Elles ont la particularité de ne pas posséder de dard et elles sont également plus petites que l’abeille, Apis Mellifera, européenne utilisée habituellement en apiculture.


Plusieurs apiculteurs déjà appuyés ont assisté à un atelier d’autonomisation à l’issue duquel ils ont reçu un diplôme attestant leur réussite. Cette cérémonie est le témoin d’une grande avancée sur le projet, en étant officiellement la première fois que des apiculteurs sont autonomisés.




Mise en place d’un laboratoire de transformation


En 2021, l’association est officiellement devenue propriétaire du site de la pépinière et du laboratoire de transformation du miel utilisé jusqu’alors. L’utilisation du laboratoire de transformation aura permis de belles productions : 396 kg de miel conditionnés, 0,6 L d’huile essentielle produit, 265 L d’hydrolat distillés et 1,16 kg de plantes séchées conditionnées. Le deuxième semestre aura été moins productif avec : 108 kg de miel conditionnés, 0,5 L d’huile essentielle produits, 140 L d’hydrolat distillés et 1,8 kg de plantes séchées conditionnées.


Création d’une plateforme de commercialisation


Afin de faciliter les opérations d’achat et de vente, la société “CDB Sourcing”, pour Corazon del Bosque Sourcing a été créée. Pour pouvoir être effective, nous travaillons encore sur l’obtention du SENASAG et du SEBANEX qui doivent vérifier les productions et permettront d’obtenir une autorisation d’exportation.


Après une année de COVID-19 la baisse de la vente de miel s’est fait ressentir. Avec un chiffre d’affaires de 49 793 bolivianos généré, que nous n’avons atteint que 30% de l’objectif fixé pour 2021.


Développement commercial équitable


Pour générer plus de bénéfices, plusieurs nouvelles pistes de commercialisation équitable ont été développées. Au début de l’année, une nouvelle tienda revendeuse a été définie dans la ville de Santa Cruz. Nous avons également participé à 6 férias et à 3 jours de démarchage dans la ville de Cochabamba. Sur 2022, il sera nécessaire de mieux orienter les activités de prospection et de démarchage commercial afin d’atteindre les prévisions fixées et de palier aux dépenses d’achats aux producteurs. Pour cela, un nouvel assistant commercial sera embauché afin de développer le réseau de clients sur le territoire national.


Pour plus d'informations sur le projet :



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