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Photo du rédacteurTiphanie

Voyage en Terre Cœur de Forêt : Les actualités du projet en Indonésie

Dernière mise à jour : 4 janv.

De la découverte de l'amome sauvage (Zingiber zerumbet) à nos parcelles pilotes en agronomie : que s’est-il passé ce dernier trimestre sur notre projet Puge Figo ?

Au cœur de l'archipel indonésien, laissez-vous évader vers cette terre lointaine et mystérieuse : l'île de Florès.
Située dans le district de Ngada, cette région, baigne de lumière et de couleurs ! Un endroit paisible remplit de symphonie et de sensations inoubliables. Le paysage s'étend à perte de vue, avec des collines qui ondulent comme des vagues, le tout parsemé de plantations de riz en terrasse qui scintillent sous les rayons du soleil. Le deuxième semestre indonésien, est la période de transition entre la saison sèche et la saison humide. Le climat y est doux et agréable, sans les averses qui caractérisent la saison des pluies. Profitons de ce calme pour aller rendre visite à notre projet Cœur de Forêt Indonésie !

Connaissez-vous le mythe « Yayasan Puge Figo », nom local de Cœur de Forêt ?


La déclinaison du nom « Cœur de Forêt » sur nos projets n’est pas forcément évidente. Dans la langue indonésienne, le concept du cœur comme symbole de l’amour n’existe pas. Nous trouvons seulement le cœur en tant qu’organe. Si nous voulions le traduire comme l’organe interne représentant l’amour, cela serait plutôt le foie. Mais, associé au terme forêt, cela sonne faux. C’est pourquoi nous avons choisi le nom « Puge Figo » qui se traduit en français par « l’arbre des richesses ». Le choix du nom « Puge Figo » a été choisi en collaboration avec la population locale. Il repose sur la valeur symbolique attribuée à la plante figo qui représente les mystères de la nature et de la vie, ainsi que sur l'importance de l'histoire de l'« arbre aux richesses ».


Forêt de la région de Tanawolo

La plante figo, pousse dans les forêts de la région de Tanawolo, elle est considérée comme étrange et mystérieuse en raison de son cycle de développement unique et imprévisible. Elle apparaît et disparaît tous les cinq ans, alternant avec son « alter égo » le bambou ezo (Bambusa arundinacea).

À Tanawolo, le chiffre cinq est considéré comme sacré, symbolisant le « cycle de vie et de régénération ». Ainsi, la plante figo est un reflet symbolique du mystérieux cycle de la vie dans la province Nusa Tenggara Timur



Dans le mythe de Puge Figo, il est rappelé que toutes les richesses de ce monde, y compris les biens matériels et les objets manufacturés, trouvent leur origine dans la nature. Cependant, au lieu d'être préservé et soigné afin de pouvoir récolter continuellement ses produits, l'arbre aux mille richesses fut coupé par les Hommes, par cupidité. En punition de cette ambition excessive, l'arbre ne tomba pas sur place, mais fut projeté très loin, hors de portée de ceux qui auraient pu profiter des biens suspendus à ses branches.


En lien avec les activités de l’association, la morale de ce mythe transparait subtilement. La nature, voire un seul arbre, peut aider à améliorer la vie des populations. À condition de tout mettre en œuvre pour le cultiver avec respect, afin de pouvoir profiter de ses fruits de manière durable.


Venue du siège sur le projet Coeur de Forêt Indonésie !


Au mois d'avril dernier, notre Directrice Communication Alice, notre Responsable Mécénat Julie, et notre Directeur des Opérations Mathieu, se sont rendus en Indonésie pour visiter notre projet et échanger avec les équipes locales. Si vous souhaitez en savoir plus sur cette visite, nous vous invitons à cliquer sur l'article dédié.

Julie Corchia, responsable mécénat, se fait bénir avant d'accèder à la forêt sacrée de Mulu Meze

Lors de leur séjour sur le terrain, nos trois collègues ont eu l'opportunité de découvrir les coutumes locales. Lors de la visite d'une plantation d'eau dans la commune de Mulu Mese, ils ont été conviés à prendre part à un rituel de bénédiction. Pour accéder à cette zone sacrée, le maître rituel a prélevé de l'eau de la source et l'a bénie. Ainsi, les esprits de la source d'eau et de la forêt ont accepté la présence de nos visiteurs et les ont protégés.





Un autre rituel, moins culturel, mais plus espiègle, les attendait à leur arrivée. Nos membres d'équipe ont goûté au Sambiloto (Andrographis paniculata). Cette plante, également connue sous le nom de Chirette Verte en français, est réputée pour son amertume. Une surprise amère pour Alice, Julie et Mathieu ! Au-delà de son goût particulier, le Sambiloto possède de nombreuses vertus.

En Indonésie, il est utilisé pour traiter la malaria, les fièvres, les rhumes, ainsi que les problèmes de typhoïde. Cette plante a été utilisée en Thaïlande comme médicament pour les patients présentant les premiers symptômes du COVID.


Cette expérience immersive a permis à notre équipe de se rapprocher des traditions locales et de découvrir les ressources naturelles précieuses utilisées dans la médecine traditionnelle indonésienne.


Découvrez l'amome sauvage, Zingiber zerumbet ou encore le gingembre shampoing !


Au cœur de l'île de Florès, une forêt tropicale regorge de merveilles et de diversité. Lorsque nous nous promenons dans cet environnement, des senteurs envoûtantes viennent chatouiller délicatement nos narines. Parmi ces arômes, un mélange subtil d'épices, de gingembre et de musc se dégage. Nos yeux curieux nous conduisent à observer une plante dont les tiges s'étirent fièrement vers le ciel. Au sommet de ces tiges dressées, des fleurs en forme de cloche égayent le paysage, affichant des teintes roses ou blanches.


Il s'agit de l'amome sauvage (Zingiber zerumbet) ! Plus connu localement sous le nom de « gingembre shampoing ». Cette plante, appartenant à la famille du gingembre, possède de nombreuses propriétés médicinales. Étrangement, elle n’est pas utilisée en Indonésie, et particulièrement à Florès, pour ces vertus. En revanche, les jeunes pousses et les jeunes fleurs sont consommées comme légume, elles sont également utilisées comme ingrédient dans les shampoings et les après-shampoings afin de lisser les cheveux. Il suffit de presser la fleur pour en extraire un liquide épais et se shampouiner pour obtenir des cheveux soyeux !


Walde membre de Coeur de Forêt Indonésie, utilise l'amome sauvage comme shampoing

Une élève sensibilisée par l'association avec l'herbier sur les différentes espèces de gingembre

En 2022, dans le cadre de nos efforts de sensibilisation, nous avons réalisé un herbier mettant en valeur les différentes espèces de gingembre, notamment le Zingiber zerumbet. Cet herbier a été distribué dans les écoles partenaires de Cœur de Forêt Indonésie, permettant ainsi aux élèves de découvrir les multiples utilisations du gingembre qui diffèrent de celles qu'ils connaissent localement. L'idée est de leur montrer que dans d'autres parties du monde, le rhizome du gingembre est surtout utilisé pour ses nombreuses vertus médicinales.


Êtes-vous plutôt adepte de la fleur de gingembre ou préférez-vous son rhizome ? Nous sommes curieux de connaître vos habitudes et vos expériences avec cette plante fascinante !


Nos parcelles pilotes : comment fonctionnent-elles ?


L'Indonésie, le plus grand archipel du monde, s'étend sur une superficie totale d'environ 1,9 million de kilomètres carrés, ce qui en fait le 14ᵉ plus grand pays en termes de superficie terrestre. Son territoire couvre une distance considérable, d'est en ouest et du nord au sud, traversant plusieurs fuseaux horaires. Le siège de notre projet Cœur de Forêt Indonésie est situé dans la ville de commune Nginamanu. Au cœur de ce projet, nous accompagnons les producteurs vers des pratiques agroécologiques améliorées. Ils sont éloignés, parfois à deux heures de moto de notre siège et de notre centre de formation.


Pour faire face à ce défi et avoir un rayonnement optimal sur notre zone d'intervention, nous avons décidé d'implanter des parcelles pilotes. À ce jour, nous avons créé 7 parcelles pilotes dans 7 villages différents. Elles servent de parcelles d’expérimentation, de formation et de site vitrine.


Schéma de la parcelle pilote qui sert de parcelle de formation, parcelle d'expérimentation et de site vitrine. Elle suit 3 modèles forestiers régis selon différentes conditions climatique (montagneux/ côtier/ diversification).

Elles peuvent suivre trois modèles agroforestiers différents : le modèle agroforestier côtier, le modèle agroforestier de montagne et le modèle agroforestier de diversification. Ces modèles répondent à des contextes pédoclimatiques spécifiques, associés aux besoins exprimés par les producteurs, plutôt qu'à des modèles types basés sur des espèces distinctes. Ainsi, plusieurs essences similaires peuvent être utilisées dans ces modèles, en fonction de leur pertinence pour la zone et de leur valeur économique.


Les parcelles appartenant aux producteurs sur lesquelles nous diffusons nos pratiques agroécologiques et agroforestières sont appelées des parcelles de diffusion. En moyenne, chaque parcelle pilote est entourée de 7 parcelles de diffusion. Les parcelles de diffusion sont une source d'inspiration pour les agriculteurs voisins, et elles font l'objet d'un processus de regroupement.


Schéma de la diffusion de nos parcelles pilotes

La première année, le groupe suit une formation générale d'introduction à l'agroécologie et à l'agroforesterie sur la parcelle pilote. Ensuite, un cycle de formations techniques est mis en place, répondant aux besoins de base pour l'application sur leurs propres parcelles de diffusion : fabrication de compost, activateur de compost, gestion des maladies et ravageurs ainsi qu’une analyse économique de la parcelle et de sa production. La deuxième année, des formations spécifiques sur les essences implantées sont dispensées.


Au total, en 2022, nous comptons 7 parcelles pilotes et 58 parcelles de diffusion, cela a permis de former un total de 83 producteurs, ainsi que 14 membres formateurs du bureau local de l'agriculture.


Reforestation : Bilan de la saison précédente


Feux dans la région de Ngada

Notre mission en matière de reforestation vise à restaurer les écosystèmes de l'Indonésie. L'île de Florès est gravement touchée par la pratique de l'agriculture sur brûlis, entraînant une déforestation croissante qui affecte des zones encore riches en biodiversité forestière. Malheureusement, en avril 2023, cette pratique n'a pas évolué. Une personne inconnue a déclenché un incendie qui a ravagé environ 4 à 5 hectares de terrain.


Heureusement, cette zone était plantée de Gliricidia, (Gliricidia sepium) une plante résistante au feu. Cela a permis de ralentir l’avancée des flammes et de réduire les dommages causés par le feu. De plus, le lendemain, la pluie a motivé la repousse des jeunes plants de gliricidia. Cependant, les plants sont encore jeunes, on ne sait pas quel va être leur taux de reprise. Un inventaire pour connaître le taux de mortalité sur cette zone brulée est prévue pour cet été.


Au cours de notre campagne 2022-2023, nous avons intégré 32 espèces différentes dans nos modèles de plantation, totalisant 55 900 arbres plantés. Nous suivons 3 modèles de plantations différents : la préservation des sources d'eau, la diversification d’essences sur les zones restaurées, ainsi que le développement de l’agroforesterie.



Pourquoi réaliser un diagnostic agraire à Florès ?


Une vache à l'attache près du ranch de Ngada

En Indonésie, l’élevage est une cause importante de déforestation. En effet, il est courant de brûler des prairies de pâturage. Cette méthode est régulièrement utilisée pour favoriser la croissance de nouvelles herbes riches en azote, nécessaire à la production de protéines.

Lorsqu'une herbe atteint le stade de sénescence, c’est-à-dire le vieillissement programmé des plantes, cela implique la dégradation des tissus et la redistribution des nutriments pour soutenir d'autres parties de la plante. Ce mécanisme, essentiel dans le cycle de vie des plantes, contribue à l'efficacité de l'utilisation des ressources et à la résistance aux stress environnementaux. L’herbe se dessèche et renvoie tout l'azote accumulé dans ses racines et dans le sol. Cela rend l'herbe sénescente, moins nutritive car elle contient peu d'azote et le carbone devient indigeste. Par conséquent, les éleveurs indonésiens brûlent la végétation afin de favoriser le renouvellement des prairies.


Brûler permet d’empêcher la floraison et le renouvellement de l’herbe. En brûlant les herbes, celles-ci repoussent avec un feuillage vert, riches en azote et plus tendres, un repas riche et plus digeste pour les vaches. Si l'herbe n'est pas brûlée, elle se décompose et meurt, ce qui ne permet pas la régénération de la prairie. Ainsi, en Indonésie, la combustion des herbes de pâturage joue un rôle crucial dans le maintien de la productivité des prairies et dans la disponibilité d'une alimentation adéquate pour le bétail.


Or à court terme comme à long terme, les incendies détruisent toute la biodiversité animale qui dépend du sol, tels que les insectes, les serpents et les oiseaux qui nichent au sol. De plus, la combustion de la matière organique appauvrit le sol, entravant ainsi la régénération des forêts. En outre, les incendies peuvent échapper à tout contrôle et se propager aux forêts et habitations avoisinantes, ce qui présente un danger considérable.


Bien que cette méthode puisse bénéficier à la nutrition du bétail, elle est catastrophique pour la préservation de la biodiversité. C'est pourquoi nous souhaitons étudier cette pratique de près. Marie Lecornu, notre spécialiste en diagnostic agraire, mène des lectures de paysage pour comprendre la structure environnementale. Par exemple, en analysant le flanc de la montagne Wolomeze, elle observe une grande prairie, puis une forêt, suivie à nouveau d'une prairie, et enfin des champs vivriers. Au cours des six premiers mois, Marie effectuera des lectures de paysage et des entretiens historiques. Elle cherchera à répondre aux questions suivantes. Comment en sommes-nous arrivés à cette méthode d'élevage et d'alimentation du bétail ? À quel point notre système actuel repose-t-il sur des pratiques ancestrales ?

Nous nous engageons à approfondir notre compréhension de ces questions cruciales. Marie et notre équipe s'emploieront à recueillir des données précieuses pour évaluer les impacts de ces pratiques sur l'environnement et la biodiversité. En comprenant mieux l'histoire et les fondements de notre système actuel, nous serons en mesure de trouver des solutions durables pour préserver la nature tout en répondant aux besoins de l'élevage.


Photo de groupe avec Marie Lecornu et Bapak Alexander et sa famille


Après 2 mois à Puge Figo, l’aventure continue et l’enthousiasme est toujours là. Le planning du diagnostic des systèmes d’élevage est tenu. Les quelques semaines d’observations du paysage sans pouvoir parler avec les locaux (seuls les yeux travaillent !) ont soulevé des milliers de questions qui me donnent encore plus envie d’aller comprendre leur façon de travailler et de connaitre leur environnement. La phase initiale terminée, j’entame les entretiens historiques auprès des personnes les plus âgées, elles sont les porteuses de la mémoire vivante. Les écouter parler, c’est voyager à travers le temps et s’imaginer leur vie, si différente de celle d’aujourd’hui. Ces personnes ont connu de tels changements fondamentaux dans leur mode de vie et leur façon de travailler. C’est comme ouvrir un coffre-fort, remplis d’humanité, de longues histoires et de connaissances qui aujourd’hui tendent à disparaitre.

Derrière une modernisation agricole, un accueil chaleureux et une joie de vivre, se cachent des vies rudimentaires. Dans certains villages, les femmes continuent de chercher l’eau et portent les bidons d’eau sur leur tête. L’électricité se fait encore attendre et l’accès dans certains villages se fait sur des chemins de grosses pierres. Vivre leur quotidien permet une meilleure compréhension de leur environnement et meilleure immersion au sein de leur communauté.

La troisième étape du diagnostic m’amènera à retourner interviewer, rencontrer de nouvelles personnes dans ces villages et continuer d’apprendre à les connaitre. L’aventure suit son cours.


Témoignage de la réalisation du diagnostic agraire par Marie Lecornu, Volontaire Cœur de Forêt en Indonésie.


Sensibilisation : notre partenariat avec le ministère de la Culture et de l’Éducation


En mai dernier, nous avons concrétisé un partenariat exceptionnel avec l'antenne locale du ministère de l'Éducation et de la Culture Indonésien. Ce contrat vise à soutenir et à donner une reconnaissance officielle à notre programme de sensibilisation.

Il était essentiel de formaliser ce partenariat, en établissant clairement les droits et les responsabilités de chaque partie. Le ministère s'engage à sensibiliser les directeurs d'école afin qu'ils soutiennent et encouragent l'intégration de notre programme de sensibilisation dans leurs établissements. Ils participeront activement à certains événements spéciaux, créant ainsi un lien précieux dans le cadre d'un programme spécial.


Dans cette dynamique, notre équipe de sensibilisation a établi un nouveau partenariat avec l'école d'un village, afin d'y implémenter notre programme de sensibilisation. Une belle initiative qui s'inscrit dans notre volonté constante de promouvoir notre cause.

Nous sommes fiers et reconnaissants que le ministère de l'Éducation et de la Culture reprenne nos activités de sensibilisation, notamment nos pièces de théâtre personnifiées qui ont été présentées lors du Festival Ekologi. Plongez au coeur du premier festival écologique de Florès en lisant cet article !


L'école Libunio joue une pièce de théâtre dans laquelle les élèves personnifient différentes espèces de la famille des Zingiberaceae

Ce mois-ci, de nombreux élèves de l'école primaire ont créé une pièce de théâtre en personnifiant différentes espèces de Zingiberaceae, une famille de plantes comprenant notamment le gingembre. Cette interaction entre les différentes espèces met en lumière les vertus et les fonctions de chacune d'entre elles, d'une manière captivante et éducative.

Aujourd'hui, nous sommes ravis d'annoncer qu'un total de 8 écoles ont signé une convention de partenariat pour intégrer le programme de sensibilisation de Cœur de Forêt dans leur cursus scolaire.

Cette adhésion témoigne de l'engagement croissant en faveur de notre cause et de la prise de conscience de l'importance de préserver notre environnement.


Pour en savoir plus sur notre projet en Indonésie ou sur nos autres projets à l’international et en France ? 👉 Rendez-vous sur notre page Projets ou abonnez-vous à notre newsletter trimestrielle.















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