Ambaravaranala, agir avant que la forêt ne disparaisse des cartes malgaches

Peut-on prédire à quoi ressemblera une forêt demain ? Ou plutôt… à quoi elle ne ressemblera plus ? C’est exactement ce que permet la cartographie. Bien plus que de simples représentations géographiques, les cartes nous donnent les moyens d’observer, de comparer et d’anticiper l’évolution des paysages. Elles nous permettent de mesurer la disparition progressive du couvert forestier et de projeter les scénarios futurs si aucune action n’est engagée. C’est ce travail que notre équipe mène aujourd’hui sur la forêt d’Ambaravaranala.

Nichée dans le district de Mandoto, au cœur du centre de Madagascar, cette forêt est l’un de ces fragments que l’on découvre presque par hasard. Nous l’avons identifiée en 2021, lors d’un diagnostic forestier, en constatant qu’il s’agissait d’une forêt galerie.

Photo de la forêt d'Ambaravanala

Qu’est-ce qu’une
forêt galerie ?

Concrètement, les forêts galeries forment des bandes de végétation qui longent les cours d’eau, telles de véritables veines de verdure au milieu de paysages souvent secs ou dégradés. Elles abritent une faune et une flore spécifiques et jouent un rôle essentiel : elles régulent les ressources en eau, stabilisent les sols et limitent l’érosion.

Une forêt qui disparaît, carte après carte

Grâce au travail de notre cartographe, Fitahiantsoa ANDRY, nous avons pu suivre avec précision l’évolution de la forêt d’Ambaravaranala.

Ainsi, la carte que nous présentons ici offre une vue d’ensemble des forêts encore existantes dans la zone. D’année en année, ces forêts se raréfient. Aujourd’hui, notre action se concentre sur le plus grand fragment forestier de cette région : Ambaravaranala.

En 2018, la forêt d’Ambaravaranala couvrait encore 283,42 hectares. Cependant, en 2024, elle ne compte plus que 229,043 hectares, soit une perte de 19,2 % en seulement six ans.

Et si nous n’agissons pas ? Les projections cartographiques pour 2030 sont sans appel : elles prévoient une perte supplémentaire de 30,153 hectares, ne laissant plus que 198,89 hectares de forêt. Cette situation menace l’équilibre écologique local et prive les communautés des ressources naturelles dont elles dépendent. Il devient donc urgent d’agir.






La cartographie : un outil de connaissance et d’alerte

Ces cartes ne sont pas de simples illustrations. Elles sont des preuves scientifiques de l’évolution de la forêt, des signaux d’alarme qui nous montrent l’urgence d’intervenir. En documentant l’état du couvert forestier, elles nous permettent de visualiser les impacts du temps, des usages humains, et de l’absence de gestion durable.

Et comment on s’y prend ?

Tout part de la télédétection spatiale. Elle offre la possibilité d’observer de manière continue la surface terrestre. Cela va constituer de vastes bases de données. L’exploitation de ces données fournit des informations précieuses sur l’état des ressources naturelles, des écosystèmes locaux et leur évolution dans le temps.

Dans notre cas, pour suivre la dynamique d’évolution du paysage forestier, nous exploitons les données de deux satellites : Landsat 8 OLI (USGS Earth Explorer) et Sentinel-2A (Google Earth Engine).

Les images brutes acquises ont subi une série de prétraitements avant d’être classées à l’aide de l’algorithme Random Forest. Les cartes produites sur l’évolution de la couverture forestière permettent de faciliter cette prise de décision, notamment en identifiant les zones prioritaires d’intervention.

Et cartographier une forêt galerie comme celle d’Ambaravanala représente un véritable défi, bien différent de celui d’une aire protégée classique. En effet, les aires protégées peuvent être classées en trois catégories : un noyau dur (zone la plus intacte), une zone d’occupation contrôlée et une zone d’usage durable. Mais dans le cas d’une forêt galerie, aux superficies bien plus modestes, cette classification ne s’applique pas aisément.

C’est là que réside tout le travail du cartographe. Maintenant que nous avons ces données, que faire ?  

 

Evolution des hectares

Agir avec les populations locales

Autour de la forêt d’Ambaravaranala, on recense aujourd’hui plusieurs villages, et cette dynamique s’accélère. De nombreux migrants venus du sud de l’île, fuyant les conséquences directes du changement climatique, trouvent refuge ici. Cette pression humaine croissante complexifie la situation : ces villages appartiennent à plusieurs ethnies différentes, avec des dialectes et des coutumes parfois divergentes. Il n’est pas toujours simple de construire une vision commune de la gestion de la forêt.

Mais c’est avec ces communautés que nous voudrions agir. Car oui, les besoins en bois sont réels : pour le feu, les constructions, les cultures. Mais la forêt n’est pas seulement une réserve de bois : c’est un système vivant. Il lui faut un certain équilibre pour continuer à rendre les services écosystémiques dont tout le monde dépend.

Notre objectif serait d’accompagner les populations à mettre en place une gestion concertée, où les usages humains s’équilibrent avec le besoin de conserver un couvert forestier. Cela signifie, protéger les zones les plus sensibles, mais aussi proposer des alternatives durables.

La forêt d’Ambaravaranala doit être protégé

Ce qui se joue ici dépasse les frontières de Mandoto. En 22 ans, Madagascar a perdu 26 % de sa surface forestière, selon Global Forest Watch — avec l’un des taux de déforestation les plus élevés au monde. Les forêts galeries, comme celle d’Ambaravaranala, ne sont plus que trop peu, c’est pourquoi nous avons obligation de les préserver. Soutenir notre action, c’est contribuer à préserver ces forêts, avant qu’il ne soit trop tard.

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