Après les frimas hivernaux de février, le printemps commence à pointer le bout de son nez en forêt. Les premiers signes sont à la fois sonores et visuels : les oiseaux babillent leurs premiers chants et les papillons sortent de leur hibernation, déployant leurs ailes. Dans le sous-bois, les premières fleurs apparaissent ici et là.
Chez les arbres, tout semble calme, pourtant, ils se préparent eux aussi au grand réveil. Leur tranquillité annonce le renouveau printanier.
À ce moment de l’année, la sève produit une pression si forte sous les bourgeons qu’ils éclatent pour laisser se développer feuilles et fleurs. C’est ce que l’on appelle le “débourrement”, ou plus communément “débourrage”.
À l’origine, ce terme vient de la vigne, dont les bourgeons sont entourés de bourre, le duvet qui recouvre les jeunes fleurs et feuilles. Par la suite, le mot a été utilisé pour désigner ce stade de développement chez l’ensemble des plantes.
Durant le printemps, les arbres forment des feuilles, des tiges et des fleurs pour l’année en cours, mais préparent aussi celles de l’année suivante. Ces futures feuilles et fleurs se trouvent sous forme d’ébauches, protégées dans les bourgeons pendant l’hiver.
Les bourgeons jouent deux rôles essentiels :
Protéger les futures feuilles et fleurs du froid
Arrêter tout développement durant l’automne et l’hiver
Cette période de repos s’appelle la dormance, un phénomène qui inhibe toute croissance cellulaire. C’est le froid de l’hiver qui permet de lever cette dormance. Ensuite, avec le rallongement des jours et l’adoucissement des températures, les arbres subissent un chamboulement hormonal qui relance le développement des feuilles et des fleurs. C’est ainsi que commence le débourrement.
Le processus de débourrement se déroule en plusieurs étapes :
C’est une phase où l’arbre est particulièrement vulnérable aux conditions climatiques.
Pendant le débourrement, les jeunes pousses sont très sensibles au gel. Si l’eau contenue dans les cellules se transforme en glace, les tissus peuvent être détruits.
L’importance des dégâts dépend de :
Avec le réchauffement climatique, les hivers plus cléments entraînent un débourrement plus précoce. Cela pourrait accroître la sensibilité aux gelées tardives. Cependant, le nombre de gelées printanières diminue, ce qui limite l’impact sur la majorité des arbres forestiers.
Le débourrement est un excellent indicateur pour suivre l’évolution de la forêt face au changement climatique.
Chaque propriétaire peut observer :
l’apparition des premières feuilles (chênes, châtaigniers, tilleuls…)
l’apparition des premières fleurs (merisier, alisier torminal ou domestique, pommier…)
Au fil du temps, ces observations permettent de constituer une base de données personnelle sur la phénologie des arbres. Il est également important de noter les dégâts causés par les gelées tardives.
En 2021, des gelées tardives début mai ont été très sévères dans notre zone d’intervention dans le Lot. De nombreuses pousses étaient sèches et flétries sur les chênes et châtaigniers.
Les conséquences ont été de deux ordres :
Mort de certains arbres, notamment sur les plantations accompagnées par Cœur de Forêt
Perte de croissance annuelle, car l’arbre doit refaire une pousse et puiser dans ses réserves
La phénologie est l’étude de l’apparition d’événements périodiques dans le monde vivant, déterminée par les variations saisonnières du climat.
En enregistrant les événements de débourrement et les gelées tardives, il est possible de :
mieux comprendre la phénologie des arbres,
évaluer l’impact des perturbations climatiques,
anticiper la gestion forestière.