La plantation d’arbres est souvent présentée comme une solution miracle face au changement climatique. Mais planter à tout prix, sans réflexion écologique ni ancrage local, peut parfois faire plus de mal que de bien.
C’est ce que révèle le documentaire de François-Xavier Drouet, diffusé sur ARTE, qui interroge la logique de plantations massives d’arbres et leurs conséquences sur les écosystèmes et les populations.
En 2019, une étude du chercheur Thomas Crowther affirmait que planter 1 200 milliards d’arbres pourrait absorber jusqu’à un tiers du CO₂ émis depuis l’ère industrielle.
Une idée simple, séduisante, et largement relayée par les médias et les entreprises.
Mais cette proposition est aujourd’hui largement controversée : toutes les terres ne peuvent — ni ne doivent — être reboisées. Certaines prairies, savanes et zones humides jouent déjà un rôle écologique essentiel pour le stockage du carbone et l’accueil de la biodiversité.
Planter des arbres sur ces écosystèmes peut donc détruire plus qu’elle ne restaure.
Le plan gouvernemental du « milliard d’arbres » a suscité beaucoup d’espoir… mais aussi des critiques.
Selon Canopée – Forêts Vivantes, une part importante des financements a servi à replanter après des coupes rases, parfois au profit de monocultures de douglas.
Ces plantations industrielles, souvent choisies pour leur rendement, sont plus vulnérables au stress hydrique et moins résilientes face au changement climatique.
Elles abritent aussi moins de biodiversité qu’une forêt naturelle diversifiée.
Au Brésil, les plantations massives d’eucalyptus destinées à la pâte à papier ou aux biocarburants provoquent de graves déséquilibres écologiques.
Elles assèchent les nappes phréatiques, appauvrissent les sols et contribuent à la disparition des espèces locales.
Pire encore, les communautés rurales sont souvent privées de leurs terres et de leurs ressources en eau.
Ce modèle de reforestation “industrielle” n’a donc rien de durable.
Le documentaire met également en lumière les limites du marché de la compensation carbone.
Derrière certains projets labellisés, se cachent des méthodes de calcul peu fiables et une surestimation du carbone stocké.
Des entreprises comme TotalEnergies, en Ouganda, ont été pointées du doigt pour des projets qui, sous couvert de compensation carbone, expulsent les populations locales et privent les communautés de leurs terres.
Résultat : la plantation devient un outil de communication “verte”, plutôt qu’une action efficace pour le climat.
Heureusement, des approches plus durables existent.
Le documentaire met en avant plusieurs pistes inspirantes :
🌿 Soutenir la régénération naturelle assistée : laisser la forêt se reconstituer d’elle-même, avec un appui local ciblé.
🤝 Accompagner les peuples autochtones : préserver leurs savoir-faire traditionnels et leur lien à la forêt.
🌍 Préserver la mosaïque des paysages : prairies, forêts et zones agricoles coexistent et s’enrichissent mutuellement.
Ces alternatives reposent sur une vision globale des écosystèmes, où la forêt n’est pas un simple puits de carbone, mais un vivant à protéger.
Chez Cœur de Forêt, nous partageons pleinement cette vision.
Planter, oui — mais pour les bonnes raisons, avec les bonnes essences, au bon endroit, et avec les populations locales.
Nos projets favorisent la diversification des forêts, la régénération naturelle et la participation active des communautés qui vivent de ces écosystèmes.
Une forêt en bonne santé n’a pas besoin d’être plantée, elle sait se régénérer seule.
Le véritable enjeu n’est pas de planter à tout prix, mais de protéger et restaurer la dynamique écologique qui fait vivre la forêt.
Face aux dérives de la reforestation industrielle, chaque don compte. En soutenant Cœur de Forêt, vous participez à des projets de restauration durables et solidaires, en France et à l’international.
Ensemble, faisons grandir des forêts vivantes, diversifiées et humaines.
