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Photo du rédacteurAlice Gontier

[Rapport 2017] Une production locale & diversifiée au Cameroun

Dernière mise à jour : 28 juin


Le Cameroun constitue l’un des pays les plus dynamiques du point de vue économique en Afrique. Les infrastructures et les échanges commerciaux avec l’extérieur ne cessent de croître, un développement faisant progressivement émerger une classe moyenne, principalement concentrée dans les villes. Ce développement s’accompagne d’une croissance des inégalités géographiques et de niveau de vie ; en effet, le Cameroun connaît toujours en 2013 un Indice de Développement Humain (IDH) relativement faible de 0.504 le classant au 152ème rang sur 184 pays.

Dans un pays en développement où près de 20% de la population active vit de l’agriculture et de l’exploitation forestière, le Cameroun connait une pression environnementale liée à son développement économique. Malgré la mise en place de sites protégés à l’instar de la réserve du Dja à l’est du Cameroun, la déforestation accuse encore un taux de 0.6% de la surface boisée par an. L’explosion démographique des dernières décennies, l’exploitation intensive pour l’huile de palme font peser une lourde pression sur les ressources naturelles, ne leur permettant pas de se renouveler : perte de biodiversité, baisse de la fertilité des sols etc. La régénération de la forêt est très rapide mais uniquement par des espèces pionnières. La forêt s’appauvrie donc très vite.

Pouma, le lieu actuel du projet, est situé en zone rurale le long de l’axe principal de communication reliant la capitale administrative Yaoundé, à la capitale économique Douala. Situé en zone tropicale, la région est propice au développement de diverses cultures : cacao, palmier à huile, fruits, pêche fluviale. Faute de moyens et structuration, la filière des arbres à huiles et épices est sous-valorisée.

Depuis 2010, l’association Cœur de Forêt s’est associée à une vingtaine de producteurs situés aux alentours de la petite ville de Pouma et les a appuyés dans la structuration d’une coopérative (SOCOCOFOSA – Société Coopérative Cœur de Forêt Sanaga) afin de répondre à leurs attentes : préserver les forêts tout en exploitant rationnellement ses ressources afin de générer des revenus de manière durable aux populations en dépendant. 63 000 arbres ont été plantés en respectant le ratio 70% de fruitiers et 30% de forestiers dont 10% de Moabi. En les accompagnant vers des campagnes de reforestation agroforestières menant à une diversification des productions, en mettant à disposition des infrastructures et moyens de transformation des produits forestiers non-ligneux (alambic, presse végétale, hangar de séchage), l’association Cœur de Forêt a amorcé un développement rural local garantissant la durabilité des ressources naturelles.

Plantations agro-forestières

Cette année, les coopérateurs de la SOCOCOFOSA, coopérative locale soutenue par Cœur de Forêt, ont planté 6 000 arbres sur leurs terrains ainsi que sur le champ coopératif. En respectant toujours une proportion de 30% d’arbres forestiers pour 70% d’arbres fruitiers, 3 espèces forestières (Moabi, Bitakola, Bibolo) et 2 essences fruitières principales (Cacao & Ylang Ylang) ont ainsi été reboisées. A ces essences s’ajoutent quelques espèces plus rares comme le Kolatier ou le mandarinier mais dans une moindre proportion avec pour objectif de redynamiser la biodiversité locale. Les 15 coopérateurs ont participé à ces activités grâce au travail centralisé et professionnel de mise en pépinière par 2 coopérateurs spécialisés en la matière, qui a débuté en avril, pour terminer la plantation des arbres fin septembre 2017.

Structuration et infrastructures

Concernant l’Okok, les productions issues des propagateurs et châssis d’acclimatation ont été en partie vendues au PAPCO (Programme d’Appui à la Production et la Culture d’Okok) mais il s’est avéré nécessaire d’en réimplanter une grande partie en milieu naturel afin de faire face à la baisse des ressources naturelles sur ces essences. 1500 plants ont ainsi été replantés sur des parcelles appartenant à 2 coopérateurs afin de contrer l’exploitation intensive.

En parallèle, un nouveau terrain acquis par la SOCOCOFOSA a permis l’implantation de 2500 m² de citronnelle, en association avec 150 Ylang-Ylang. Cette opération vise à relancer l’activité de production d’huile essentielle, chère à la coopérative locale et précurseur en la matière dans la région d’intervention.

Afin d’assurer la mise en place complète des filières huile essentielle, la coopérative a remis en production 1 hectare de manioc sur un terrain loué par ses propres moyens, destiné à la consommation locale. La récolte étant prévue en avril/mai 2018, ces recettes prévisionnelles pour la coopérative vont permettre à la SOCOCOFOSA de cofinancer les infrastructures nécessaires à l’accueil des outils de transformation : alambic raccordé par une motopompe à un accès à l’eau, électrification du bâtiment et laboratoire de conditionnement des produits.

L’association Cœur de Forêt assure un retrait progressif des activités menées par la coopérative en raison du constat de l’autonomisation progressive dont elle fait preuve sur ses activités ainsi que ses plans de financement.

Valorisation

La SOCOCOFOSA ne s’est pas investie cette année sur la production de beurre de Moabi. En effet, la commande de 500 kg passée en 2016 n’a pas été réitérée cette année par le partenaire de la coopérative, en raison des difficultés à stabiliser qualitativement le produit en post-production et du fait du manque de débouchés des partenaires. L’association appuie toujours la coopérative pour améliorer ce process de production par l’envoi de volontaires travaillant spécifiquement sur ces problématiques.

Toutefois, en partenariat avec l’association TFRD, la SOCOCOFOSA a de nouveau pressé du beurre de cacao ainsi que de l’huile de pistache. Couplées avec le beurre de Moabi, ces 3 productions sont promues sur le marché local, point d’ancrage essentiel au développement de ces filières. La coopérative participe actuellement au comice annuel de Douala (grand marché annuel mettant en avant la richesse agricole locale, mais aussi et surtout en lien les acheteurs et fournisseurs de produits agricoles au Cameroun) afin de définir par eux-mêmes des débouchés aux produits. L’objectif du Président de la coopérative est également de développer un partenariat avec un client local permettant des investissements pour assurer le développement de ces filières.

L’association Cœur de Forêt poursuit donc son appui technique à la coopérative mais vise à l’accompagner dans son autonomisation en 2018 du point de vue de son plan de développement.

Merci au soutien de nos partenaires, ainsi qu’à l’ensemble de nos donateurs qui encouragent les actions de Coeur de Forêt.

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