Depuis 2005, Coeur de Forêt mène des projets de préservation des forêts essentiellement à l’international. Jusqu’alors, la France n’était pas une zone privilégiée car non sujette à la déforestation. Cependant, aujourd’hui face aux enjeux du changement climatique, la forêt française nécessite que l’on se mobilise pour la préserver.
4e domaine forestier européen, la France possède une importante forêt qui couvre près de 30% du territoire métropolitain. Celle-ci est caractérisée par un fort morcellement du fait qu’elle appartient à près de 3,7 millions de Français, soit 1 Français sur 20. Loin d’être de grands propriétaires terriens, 2,2 millions de propriétaires possèdent moins d’un hectare de forêt. Ce morcellement, l’éloignement géographique des propriétaires et le manque de connaissance sur la forêt ont conduit à un abandon des forêts françaises. Les conséquences ont été aggravées par les tempêtes successives de 1999 et 2009 qui ont laissé des forêts dévastées.
De plus, les changements climatiques que nous vivons actuellement impactent les forêts. Les conditions climatiques peuvent changer rapidement mais la forêt, elle, peut mettre plusieurs siècles à s’adapter à de nouvelles conditions. L’évolution vers des hivers doux ou au contraire très froids, aura un impact sur les aires de distribution des ravageurs et pathogènes. De même pour l’intensification des périodes de sècheresse ou d’inondations, qui peuvent décimer des parcelles entières si les essences plantées ne sont pas assez diversifiées.
L’enjeu du projet Coeur de Forêt lancé en 2017 est de préserver les forêts françaises pour faire face au changement climatique qui les menace. Pour cela, le projet agira sur l’amélioration de la forêt, la plantation d’arbres permettant une diversification des essences et des peuplements et une gestion de la forêt en « futaie irrégulière ». Cette gestion douce s’apparentant du jardinage forestier a de multiples avantages. Elle préserve les conditions de vie stable pour la faune et la flore, augmente la résilience de la forêt et favorise la régénération naturelle des arbres. De plus, elle s’harmonise au mieux avec le cycle naturel des forêts. Les actions seront ciblées auprès des petites parcelles de moins de 10 hectares et un travail conséquent sera mené afin de mobiliser et sensibiliser les propriétaires à la gestion durable et collective de leur forêt. Enfin, Coeur de Forêt interviendra dans le développement de solutions de valorisation du bois et produits forestiers non ligneux de ces petites parcelles de forêts afin de diversifier les revenus des propriétaires leur permettant ainsi d’améliorer la forêt à long terme.
REFORESTATION & PRÉSERVATION
Le projet a fêté ses un an lors de la Journée Internationale des Forêts le 18 mars 2018. L’année 2017 a obtenu un bilan de 1 328 arbres plantés de 48 espèces différentes avec 4 familles impliquées (HENDY, LAGRASTA, BIDOU, DELMARES). Le début d’année 2018 a été la période des plantations de printemps et 3 353 arbres sont venus compléter les parcelles des familles bénéficiaires BIDOU et DELMARES. Les résultats attendus pour cette année sont en progression par rapport à 2017 avec 5 familles supplémentaires (MONTEIL, BOURGEOIS, VIDAL, OUDAR, FRANSSEN) accompagnées pour les plantations d’automne durant lesquelles nous prévoyons la plantation (ou semis) de 1 952 arbres de 32 espèces différentes. Nous atteindrons donc un total de 5 305 arbres plantés en 2018.
Le projet de la famille DELMARES, qui inclut leurs enfants, a pour but de convertir d’anciennes terres agricoles en une forêt diversifiée et productrice de bois d’œuvre de qualité, faisant partie d’un ensemble forestier (forêts existantes et plantations) dont la gestion durable sera régie par un Plan Simple de Gestion. Ce boisement est à base de Chêne sessile (Quercus petraea), qui produira sur ce type de terrain des bois d’œuvre de qualité, accompagné de feuillus précieux qui apporteront une plus-value à long terme. Des Chênes rouges (Quercus rubra) sont également insérés sur les lignes de Chênes sessiles. Les Charmes communs (Carpinus betulus) ont ici un rôle cultural de gainage et produiront du bois de chauffage renouvelable par taillis. 2 856 arbres de 5 espèces différentes ont donc été plantés sur 3 parcelles d’un total de 2,1704 ha. 8 noyers à fruits en bordures de parcelles ont été conservés pour des aspects paysagers, de production fruitière et de biodiversité.
Le projet de de la famille BOURGEOIS, localisé à Anglars-Nozac, est centré sur l’amélioration d’un taillis de châtaigniers sur lequel sont présents des pins, Pins maritimes, Chênes pubescents, actuellement et quelques merisiers, frênes et bouleaux, le tout âgé d’une douzaine d’années. L’objectif final est de faire de la production de châtaignes sauvages (farine bio), de bois d’œuvre, bois ronds et bois de chauffe tout en restant dans une gestion durable des parcelles. La création d’une lisière mellifère ainsi que l’intégration d’un projet apicole, dès 2019, sont prévues avec l’achat de 5 ruches et d’essaims. Le projet va donc totaliser la plantation de 40 arbres de 4 espèces différentes sur une surface de 0,9521 ha.
Le projet de la famille MONTEIL, quant à lui, est situé sur la commune de Betaille et associe plusieurs axes. D’abord la plantation d’une haie champêtre avec fruits comestibles sur 120 m linéaire a été réalisée en partenariat avec l’AHP46 par la famille MONTEIL. Cette année, Coeur de Forêt accompagne la suite du projet avec la plantation d’un verger “permacole” fruitiers de variétés anciennes. Des essences de petits fruits, d’arbres et d’arbustes d’essences locales ou fixatrices d’azote seront intégrés autour de la châtaigneraie existante d’1 ha. 400 arbres et arbustes (pommes, poires, pêches, prunes, amandes, noisettes…) en association avec 300 petits fruits (framboises, cassis, groseilles...) vont être plantés sur une surface totale de 2 ha.
Enfin en 2019, l’aménagement d’un sentier pédagogique en forêt viendra ajouter un axe « sensibilisation » à ce beau projet. Le projet intègre celui, plus large, d’une création d’activité de Ferme pédagogique autour d’un projet végétal et ayant pour objectifs de : Promouvoir la vente directe et les circuits courts, accueillir du public afin de favoriser l’éducation à l’environnement, favoriser les rencontres et les liens intergénérationnels. Ces valeurs portées par la famille MONTEIL sont en complète synergie avec les objectifs du projet Coeur de Forêt. Le projet prévoir la création d’une association pour proposer un lieu commun où les outils de transformation pourront être mutualisés. C’est au niveau de leur grange qu’un lieu collectif « multi-activités » pourra être envisagé. Coeur de Forêt a donc voulu participer à ce projet, et le porter en site vitrine de par son exemplarité technique et ses vocations pédagogiques et associatives.
Le projet de la famille FRANSSEN, implique 3 générations avec les parents, leurs enfants et petits-enfants. Ils sont motivés par la préservation de la biodiversité, notamment ornithologique et la gestion sylvicole douce. Le projet associe donc la constitution d’une haie champêtre sur environ 250 m. Cette restauration de milieu bocager s’inscrit dans la même logique que la ZNIEFF dont fait partie cette zone. Le projet inclut également la mise en gestion de 5 ha de parcelles boisées vers une gestion sylvicole douce afin de préserver les sols notamment. Enfin, le boisement de parcelles actuellement en prairies pâturées vient compléter le projet. Un total de 631 plants seront plantés. Le choix des essences et de leurs caractéristiques (productives, écologiques, paysagères) a volontairement été large (mellifères, florifères, bois, PFNL) favorisant ainsi la biodiversité et les productions possibles tout en privilégiant des essences locales déjà implantées ou compatibles avec le climat. Arbres ou arbustes de taille intermédiaire (Cormier, Troène commun, Noisetier, Viorne lantane, Prunellier), arbustes plus ou moins buissonnants (Amélanchier, Fusain d’Europe, Camérisier à balai, Néflier, Cornouiller sanguin, Nerprun purgatif) dont 4 espèces mellifères.
Le projet de la famille OUDAR associe également la mise en place d’une haie champêtre avec la plantation de 44 plants et le semis de 130 graines d’arbres de haut-jet pour le boisement de la parcelle jointive. Le choix du semis sur ce projet est lié aux facteurs environnementaux et pédologiques rudes sur la région du Causse. Les semences sont certifiées et sélectionnées spécifiquement par l’ONF.
Le projet de la famille VIDAL est motivé par la transmission de parcelles boisées à leurs enfants qui seront dès aujourd’hui impliqués dans les travaux et le suivi de ces forêts. La recherche de variétés différentes était également importante pour un projet alliant diversité, économie et paysage. 833 arbres de 14 essences différentes vont donc être plantés pour la production de bois d’œuvre – objectif économique (Châtaignier, Chêne sessile, Chêne pédonculé, Merisier, Alisier torminal), le bourrage – ambiance forestière (Bouleau verruqueux, Robinier, Tilleul à petites feuilles), l’aspect biodiversité – sous-étage forestier (Cormier, Pommier sauvage, Poirier commun, Néflier), le tout en laissant également de la place pour la régénération naturelle (Chêne rouge et Hêtre).
Le choix des essences à planter est réalisé suite à un diagnostic des parcelles et en concertation avec les familles. Pour certains arbres, le projet a pu sélectionner des plants labellisés « Végétal Local », garantissant ainsi des végétaux d’origine locale sauvage.
Sensibilisation
Une fois de plus, la Journée Internationale des Forêts a été l’occasion de réunir un public de particuliers et de professionnels autour, cette fois-ci, du projet de la famille BIDOU réalisé en 2017. La spécificité de cette édition 2018 a été le partenariat entre les différentes entités actrices de la forêt à différents niveaux : Chambre d’Agriculture, CRPF 46, Alliance Forêt Bois, J.C Martegoutte – Ecologue ainsi que la Fédération Départementale des Chasseurs du Lot.
Cette journée a permis de présenter le projet à travers l’explication du contexte, des motivations, de la démarche de son propriétaire, du diagnostic et de l’historique sylvicole de la parcelle. Les participants ont aussi découvert le fonctionnement du programme d’appui de Coeur de Forêt. Plusieurs articles du magazine la Dépêche ont relayé les actions du projet, permettant ainsi de faire connaître la problématique de la petite forêt française et de toucher de nouveaux bénéficiaires potentiels.
La participation d’Abel Santune, responsable du projet Lot, à différents événements locaux permettra de poursuivre ce travail de sensibilisation et de communication autour du projet. Coeur de Forêt sera donc présent à la foire du Caminel, foire organisée par la famille DELMARES, appuyée par le projet en 2017 pour le boisement de sur la commune de Masclat, zone du projet de la famille DELMARES. Avant ça nous participerons au salon « Autour de la nature » qui aura lieu à Gramat en juillet 2018 en lien avec la Fédération des Chausseurs du Lot.
Coeur de Forêt a également participé à l’événement « Aux Arbres » organisé par la Fondation Maisons du Monde à Nantes les 8 et 9 juin 2018. À l’occasion de cet événement centré sur la forêt, notre Directrice, Charlotte MEYRUEIS, a été sollicitée pour débattre lors d’une table ronde riche en arguments et intitulée « Valorisons la forêt française, préservons sa biodiversité » avec Guylaine ARCHEVEQUE (ONF), Paul-Emmanuel HUET (PEFC), Arnaud GUYON (CRPF) et Renaud DES PORTES DE LA FOSSE (Fransylva). Cet événement a également été l’occasion d’échanger avec l’association Envol Vert et la direction générale de Maisons du Monde sur « comment mieux accompagner les projets de protection et de valorisation des forêts à travers l’entreprise » : nous avons pu leur exposer notre vision de la forêt, nos besoins dans le cadre du partenariat association-entreprise et également évoquer des pistes de progression sur l’appui qu’ils peuvent nous apporter et les synergies possibles sur la protection des forêts à l’international et en France, deux axes qui doivent être abordés simultanément.
Appui économique
Les partenariats avec les professionnels de la petite forêt et de la transformation locale du bois suivent leurs cours. Le fonctionnement en réseau prend de l’ampleur avec les partenariats suivants : Scierie TARTARE, Pépinière LACHAZE, L’Arpenteur 46 (Arpentage numérique, menuiserie, petits travaux forestiers), François Cazes (Conseil forestier), Pierre METAILLE (Travaux sylvicoles, bucheronnage et jardinage forestier), Aurelien CRUBILIE (Bûcheron Débardeur), David PUYRAIMOND (Conseil Forestier Prosilva). La prochaine étape étant l’organisation en collectif, la mutualisation des moyens (matériels, RH, etc..) et la mise en relation avec les propriétaires bénéficiaires du programme d’appui Coeur de Forêt pour le développement de filières courtes autour du bois (châtaignier en premier lieu) et des produits forestiers non ligneux (farine de châtaigne, plantes aromatiques etc…).