Le dĂ©fi agraire de FlorĂšs : faire coexister l’élevage bovin, la biodiversitĂ© et le contrĂŽle du feu
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  • Photo du rĂ©dacteurTiphanie

Le dĂ©fi agraire de FlorĂšs : faire coexister l’élevage bovin, la biodiversitĂ© et le contrĂŽle du feu

DerniĂšre mise Ă  jour : 4 janv.


Pour tenter de répondre à ce dilemme, notre collaboratrice locale, Marie Lecornu, a mené un travail de terrain. Celui-ci débute systématiquement par un diagnostic pour déterminer les besoins du terrain, afin de concevoir des solutions adaptées à chaque contexte.

Sur l’üle de Flores, le district de Ngada, oĂč nous sommes engagĂ©s depuis 10 ans, est le premier en nombre de tĂȘtes de bovins et le deuxiĂšme pour l’élevage de buffles ! Actuellement, 90% de la production bovine en IndonĂ©sie provient de petites exploitations (moins de 5 tĂȘtes).


Cependant, depuis des années, l'agropastoralisme* est confronté à un problÚme majeur, comment nourrir le bétail ?


Photo d'une savane brûlée sur notre projet

En effet, les Ă©leveurs sont dĂ©pendants de leur modĂšle saisonnier pour la production de fourrage (alimentation du bĂ©tail) et ils doivent aussi faire face aux plantes invasives, d’oĂč le recours aux feux.

Ainsi, pendant la saison des pluies, le fourrage est abondant, et le bétail prend du poids, tandis qu'en saison sÚche, celui-ci est insuffisant tant en quantité qu'en qualité.

En mettant le feu, les éleveurs contribuent au nettoyage de la parcelle, à son désherbage et à la fertilisation du sol, ce qui stimule la repousse des herbacées, et offre une alimentation de qualité aux troupeaux.


Photo de la plante invasive la Chromolaena odorata

Par ailleurs, le feu permet de limiter la propagation des plantes invasives, notamment Chromolaena odorata ! Qui sans cela remplaceraient les herbacées qui nourrissent le bétail, rendant la tùche des éleveurs plus complexe.

Dans notre district, ces feux de savanes sont problématiques. Sur le long terme, ils sont dévastateurs pour la biodiversité et la préservation des écosystÚmes forestiers. Malgré l'interdiction gouvernementale, ces feux de brousse sont devenus de plus en plus courants en raison de la demande croissante de consommation de viande.


Pour pallier cette problĂ©matique, le gouvernement a mis en place un programme de dĂ©veloppement de l'Ă©levage bovin, qui ne rencontre pas un franc succĂšs, les raisons en sont multiples : le nombre d’élevages bovins diminue, les jeunes partent faire des Ă©tudes et ne reprennent pas l’élevage familial, des maladies ravagent le bĂ©tail, et les Ă©leveurs sont contraints de vendre leurs animaux pour financer des motoculteurs nĂ©cessaires Ă  leur activitĂ© d’agriculteur.

Ce diagnostic nous permet d’avoir une meilleure approche auprĂšs des Ă©leveurs, de leur proposer des solutions pour rĂ©duire les feux, en prenant en compte leurs avis et leurs motivations Ă  les dĂ©clencher.


Nous vous laissons avec quelques mots de Marie, sur son expĂ©rience comme chargĂ©e de diagnostic agraire sur notre projet CƓur de ForĂȘt :


« Lors des entretiens avec les Ă©leveurs, j’ai aimĂ© ce sentiment de partir Ă  la rencontre de l’inconnu. J’avais un objectif en tĂȘte de dĂ©crypter l’élevage agropastoral, mais je ne savais pas le jour-mĂȘme quelle personne j’allais enquĂȘter. J’allais au culot pour chercher des Ă©leveurs volontaires et je discutais avec les gens rencontrĂ©s sur mon chemin. J’ai parcouru Ă  pied ou Ă  moto les savanes, Ă  la recherche des troupeaux en libre pĂąture pendant la saison sĂšche. TrĂšs souvent, je m’arrĂȘtais pour observer la beautĂ© des paysages, ces vastes Ă©tendues de savanes. On aurait dit une mer avec des vagues dĂ©chainĂ©es, le vent faisait onduler les hautes herbes.

Il m’arrivait de dĂ©plorer les dĂ©gĂąts des feux de savanes.

J’écoutais les Ă©leveurs attentivement, parler de leurs pratiques, de leur troupeau et de leur vie. Les discussions Ă©taient riches et intenses. À plusieurs reprises, j’expliquais mon travail aux Ă©leveurs, les suivais dans les champs pour aller voir leurs animaux. Ils Ă©taient si Ă©tonnĂ©s de mon grand intĂ©rĂȘt pour leur mĂ©tier. Ils me dĂ©crivaient et partageaient leur quotidien, je vivais le leur pour le temps d’une journĂ©e. Les suivre me permettait de me rendre compte de la rĂ©alitĂ© du terrain.

Je les ai aussi accompagnĂ©s dans leurs tĂąches quotidiennes, qui ne tournent pas qu’autour de l’élevage, loin de lĂ . Les tĂąches sont multiples, entre les porcs, la volaille, la riziĂšre, les jardins forĂȘts, les Ă©vĂ©nements traditionnels, etc. J’ai eu l’opportunitĂ© d’aider Ă  la rĂ©colte manuelle du riz, ou bien Ă  l’écossage manuel des noix de bancouliers. Nous partagions de riches Ă©changes et ils m’intĂ©graient volontiers dans leur quotidien quelques heures. Partout, j’ai toujours Ă©tĂ© accueillie les bras ouverts. »


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1. Agropastoralisme : Désigne une exploitation, une activité professionnelle, ou quelque chose qui combine l'agriculture, avec la pratique de l'élevage.


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