Lettre d’Anthony Cheval à vous, propriétaires forestiers.
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  • Photo du rédacteurTiphanie

Lettre d’Anthony Cheval à vous, propriétaires forestiers.

Nous n’avons pas eu le temps d’écrire comme à l’accoutumé notre petit article technique trimestriel ! Mince, c’est le plus lu de tous … Tant pis pour cette saison. Pour vous faire patienter avant la lecture des premiers résultats de l’étude locale de Frantz sur les populations d’oiseaux, permettez-moi de profiter de cette nouvelle lettre d’information pour faire un petit point d’étape sur notre action ? C’est sûr que ça fait moins rêver !


J’ai pris la relève d’Abel Santune il y a maintenant 5 ans. S’en est suivie une année de tuilage, une année seul, une année avec Frantz Veillé, une année renforcée par l’arrivée de Thierry Vasseur et Mathieu Loheizic et enfin, pour terminer, nos deux nouvelles recrues Hyacinthe Evezard et Yasmine Ramos. C’est une croissance rapide qui nous réjouit mais qui nous amène à réinventer nos façons de fonctionner, et ce depuis maintenant plus de 3 ans.


Photo d'équipe de l'équipe Coeur de Forêt France Sud-Ouest. De gauche à droite : Thierry, Anthony, Hyacinthe, Mathieu, Yasmine, Frantz

Aujourd’hui, nous stabilisons l’équipe et laissons tourner le modèle mis en place. Quel est-il ce modèle me direz-vous ?

D’abord, 6 personnes, pour quoi faire ?


Organisation de l’équipe Sud-Ouest :

Effectivement, nous sommes 6. Sur ces 6 personnes, 4 sont sur le terrain, auprès de vous. Et les deux autres, sont majoritairement au bureau.


Commençons par l’équipe terrain.

 Les rencontres depuis trois ans nous ont amenés à construire une équipe pluridisciplinaire qui, certes, s’appuie sur des territoires de projets, mais qui voit aussi de nombreux temps d’échanges ou de travaux en commun.

Chaque collègue a un territoire attitré, au sein duquel elles-ils ont un groupe de propriétaires dont elles-ils vont suivre l’évolution. Au-delà de ça, elle-ils vont connaître au fur et à mesure les différents acteurs qui sont disséminés sur leurs territoires. C’est un travail de fond, de connaître finement un territoire, ses enjeux et ses acteurs. Outre le territoire dont ils ont la vigilance, chacun.ne mes collègues possède aussi une casquette technique qu’elle-ils vont être amenés à développer. Cette compétence un peu particulière est partagée auprès des autres membres de l’équipe.


Concrètement, sur le terrain, nous avons :

- Frantz – Territoire Ouest du Lot (Bouriane, Vallée du Lot) – Choix et itinéraires Sylvicoles

- Thierry – Territoire Nord et centre du Lot – Gestion des milieux naturels

- Mathieu – Ouest Aveyron, Tarn et Garonne – Mise en œuvre des chantiers

- Hyacinthe – Dordogne – Animation & Sensibilisation



Pour assurer l’interface entre les mécènes, l’équipe de Paris et l’équipe de terrain, nous essayons avec Yasmine de capitaliser toutes les actions menées sur chaque territoire afin de répondre à un certain nombre d’objectifs que nous nous sommes fixés (cf. ci-dessous)


Un projet financé, qui répondent à quels objectifs ? 

Je crois que c’est la première fois finalement que je vais partager avec vous l’entièreté de notre action. En effet, que vous soyez acteurs « techniques » ou « institutionnels », avec qui nous travaillons, chacun.e de vous ne voit qu’une partie de notre action et je trouve important en ce début d’année de vous en présenter les différents aspects.

Nous travaillons en suivant ce que l’on appelle un « CADRE LOGIQUE ». Non ! Ne partez pas en courant ! Il s’agit d’une organisation de travail qui range les actions selon des Résultats auxquels nous tentons de répondre. Ces mêmes résultats permettent d’atteindre sur le long terme, évidemment, des Objectifs Stratégiques, les grands axes qui guident notre action.

C’est important pour nous. En effet, les nombreux échanges avec les acteurs du territoire, les différentes attentes des propriétaires, font que nous avons une multitude d’idées qui fourmillent dans tous les sens. Toutefois, il nous faut essayer de garder un cap et nous nous y référerons pour nous assurer que nous ne sommes pas en train de le perdre.

Autre originalité de l’action selon moi : les objectifs stratégiques depuis l’an passé sont organisés selon une approche multi-scalaire (à différentes échelles). En effet, nous sommes convaincus que pour approcher des solutions sur les problématiques actuelles des bois, nous serons obligés de travailler à la fois à l’échelle des parcelles et celle des territoires. Les itérations entre ces différentes échelles nous semblent nécessaires à une vision globale des enjeux et pas strictement ciblées (réchauffement climatique, paysage, CO2, biodiversité…)


Alors à quoi ressemble notre cadre logique ?


Trois objectifs stratégiques sont poursuivis pour essayer de répondre aux problématiques que nous avons identifiées sur nos territoires. Ici, chaque objectif est décliné en deux Résultats attendus des actions qui doivent permettre d’y répondre

OS1 - Les écosystèmes forestiers et milieux annexes locaux sont connus, préservés voir améliorés dans leurs fonctionnalités (échelle de la parcelle forestière)

-            Résultat 1.1 -> Les écosystèmes forestiers sont décrits et leur fonctionnement mieux connu localement

-            Résultat 1.2 -> Les écosystèmes forestiers et milieux naturels sont restaurés, préservés et/ou améliorés

OS2 - Les propriétaires forestiers développent une nouvelle culture forestière personnalisée, nuancée, répondant aux enjeux actuels et futurs et deviennent de plus en plus autonomes    

-            Résultat 2.1 -> Les propriétaires connaissent les milieux naturels de leurs parcelles, les actions pertinentes à mener et sont suivis

-            Résultat 2.2 -> Les propriétaires sont accompagnés dans leur structuration collective.

C’est une échéance plus lointaine : quelle gestion faites-vous de votre forêt une fois que vous nous quittons ?

OS3 - Le territoire est mobilisé et devient acteur des enjeux locaux de gestion forestière durable

-            Résultat 3.1 -> Un réseau professionnel et institutionnel local est mobilisé sur les enjeux environnementaux et la SMCC

-            Résultat 3.2 -> Des filières locales permettant de valoriser en circuit court les produits issus de la SMCC sont accompagnées vers l'autonomisation


Bien entendu, cela reste un cadre. Et nous ne sommes pas tout seul à essayer de répondre à ces objectifs. Mais ça vous permettra de mieux voire où nous voulons en venir ? Pour atteindre ces résultats, nous avons imaginé et faisons vivre une vingtaine d’actions : du diagnostic à la coupe en passant par des actions de sensibilisation ou de valorisation des bois, la rencontre d'acteurs, l’écoute et la formation des propriétaires. Tel des colibris, nous faisons notre part à vos côtés.

 

Ces cadres logiques sont établis pour une durée de 3 ans. Ils permettent de voir comment nous souhaitons faire évoluer le projet sur cette période et au-delà. Par exemple, nous essayons de faire diminuer l’enveloppe attribuée aux projets de plantation au profit des enveloppes permettant une meilleure connaissance de l’existant et sa meilleure gestion. Pour que l’aide à la plantation n'entraîne pas les dérives souvent exposées aujourd’hui. Bien entendu, il en restera, lorsqu’il est difficile d’atteindre une régénération naturelle du milieu ou que nous héritons d’une situation délicate.


Le rôle de la Suivie Evaluation

Au vu de l’évolution positive du projet, de l’augmentation de l’équipe, il m’a fallu du soutien. Et quel soutien ! L’arrivée de Yasmine a permis de remettre de l’ordre dans tous les tableurs et autres dossiers de suivi avant d’entrer dans le Coeur du sujet.

Quel est son rôle  ? Eh bien, comme le décrit Yasmine, en charge de suivi évaluation : « il s’agit d’une méthodologie pour accompagner le déroulé de l’ensemble des activités et soustraire des informations clés qui seront reprises et remises auprès des mécènes (en particulier). Il est basé sur le cadre logique et il va remplir deux fonctions principalement :

-        S’assurer de la cohérence globale du projet et vérifier si une action correspond bien à un objectif donné :



-            Transformer les activités de terrain en données et en informations. Ces données seront capitalisées, et pourront être comparées d’une année sur l’autre.  Cela nous permet e prendre du recul et de dézoomer, la pertinence de nos actions. L’analyse et la synthèse de ces données, qualitatives ou quantitatives, permettent aux financeurs de mieux comprendre leur impact sur les territoires via les financements qu’ils nous proposent. En effet, si c’est facile de comprendre la plantation d’arbres (médiatique, valorisable, facilement comptable), c’est plus compliqué de communiquer sur de belles et douces actions forestières qui souvent ne se voient pas …

 

Outre ces deux aspects, c’est aussi une partie importante du travail pour nous alerter : Est-ce que suivons toujours la bonne direction ? Demain, un suivi de l’impact encore plus fin pourra nous aider à mesurer et expliquer comment nos actions participent à une amélioration du contexte forestier localement (pas si évident que ça à démontrer, même si nous en sommes convaincus !). C’est aussi pour nous une manière de nous auto-évaluer. Enfin, la meilleure connaissance des milieux chez chacun.e de vous propriétaire permet aussi, lorsque l’on dézoome, d’avoir une meilleure connaissance de nos territoires et du fonctionnement et de la place des écosystèmes locaux !

 

Pour conclure : Vers où va-t'on?

 

Je pense que l’équipe locale prend une forme qui pourrait être définitive. Il se peut que nous nous tournions vers un dernier poste plutôt ciblé sur le Lot et Garonne, avec une casquette développement de la vie associative ? Seul l’avenir nous le dira.


En tous les cas, le développement de la vie associative autour de notre projet nous semble important à l’avenir. En effet, nous sommes bien une association. Une grosse association me direz-vous ! Mais avec localement une très faible vie associative. Or, au fur et à mesure de nos échanges avec vous, nous entendons que vous souhaitez aussi rencontrer d’autres propriétaires avec qui nous travaillons. Et nous, nous aurions aussi besoin de nous appuyer sur votre vision collective. C’est un travail initié cette année 2024.


Et le reste de la France ? En effet, nous sommes régulièrement sollicités sur des territoires plus ou moins proches. Nous nous posons la question de l’agrandissement autour de notre territoire historique, le Lot, mais c’est très peu probable. À la manière des semis de chênes dans une prairie, nous pensons plutôt travailler avec des cellules à taille humaine. Nous nous appuierons sur l’expérience de l’équipe Sud-Ouest pour recréer une telle dynamique sur un territoire sur lequel les propriétaires ou les acteurs pourraient voir l’utilité de nos actions et de notre vision.


Evidemment, un tel projet ne serait possible sans le soutien sans faille de l’équipe du siège de Coeur de Forêt, situé à Noisy de Grand ! Nous les remercions chaleureusement.

J’ai presque envie, en cette quasi veille de printemps, de vous souhaiter une heureuse nouvelle année forestière, faite d’observations et d’émerveillement avant tout.


À très vite, votre cher Anthony.

 

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