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Photo du rédacteurTiphanie

Le débusquage à cheval : comment le pratiquer ?

Dernière mise à jour : 1 juil.

Aujourd'hui, il ne reste plus qu'une cinquantaine de débusqueurs à cheval en France, un nombre qui a chuté drastiquement par rapport aux centaines d'autrefois. Enracinée dans le passé, cette pratique rare, survit, grâce aux derniers artisans qui la pratiquent.


En Bouriane, deux entrepreneuses font vivre ce métier

Cette dernière saison, deux entrepreneuses, Louisa et Lise, ont collaboré sur nos chantiers forestiers. Elles sont accompagnées de deux chevaux avec qui elles œuvrent dans les bois, mais aussi dans les vignes. Baltik, puissant percheron de 1,85m au garrot, pèse près d’une tonne, tandis que Galant, fidèle ardennais de 8 ans, mesure 1,55 m au garrot pour un peu plus de 800 kg.

Ensemble, ils allient tradition et respect de l'environnement. C’est cette passion de quelques rares professionnels qui font vivre ce métier.  


Comme nous l’avons indiqué dans notre précédent article, la météo de cet hiver et ce début de printemps 2024 a été quelque peu capricieuse. Nos travaux ont commencé en retard, nos deux débusqueuses sont tout de même venues en Bouriane pour récolter les petits lots de nos chênes du pays.


Revenons quelques mois en arrière.

 

Allier bois de chauffage, valorisation de sa forêt et préservation des sols : comment faire ?


En 2023, avec le soutien du CRPF du Lot, plusieurs propriétaires forestiers entrent en contact avec Frantz Veillé, notre technicien forestier, sur la Bouriane. Un petit territoire posé délicatement entre la majestueuse Dordogne, les très originaux causses du Quercy et la paisible vallée du Lot et ses vignobles bien connus. Ses forêts y sont majoritairement composées de feuillus avec le chêne comme essence dominante. Elles s’installent lentement depuis plus d’un siècle, après le déclin de la vigne.  En s’y promenant, nous trouvons à quelques dizaines de mètres près, un causse aride et caillouteux pour passer à une combe fraiche et humide.


Ici, comme dans les territoires voisins, c’est souvent la même histoire, cette forêt s’est morcelée au gré des héritages, de génération en génération. On s’y promène, pour cueillir les champignons, pour le plaisir, pour la chasse aussi, mais également pour y faire son bois de chauffage.


Photo de bois mort prêt à être récolté

« Alors ne vous inquiétez pas, mon bon monsieur, je ne prends que le bois mort, les tordus ou ceux qui sont trop serrés autour de ce beau chêne là par exemple ! ». Une phrase que l’équipe de Cœur de Forêt entend fréquemment de la part de nos propriétaires forestiers.








Effectivement, en enlevant le bois mort, on se chauffe rapidement, et en plus, ça « nettoie notre forêt. » S'il peut être tentant de ne récolter que les bois morts sur pied pour gagner en temps de séchage, ce dernier joue pourtant des rôles fondamentaux dans le fonctionnement des écosystèmes. Après plusieurs visites de Frantz et du reste de l'équipe technique, une légère gymnastique mentale, quelques rubans et une bonne paire de chaussures, nous revoyons l’exercice différemment.


Du marquage au débusquage à cheval : trois petits bouts de propriété engagés cette année


Arbre marqué en bleu d'avenir, et à l'arrière plan un arbre marqué en rouge qui sera prélevé

Il nous faut trois rubans : bleu, blanc et rouge, un Frantz, ou n’importe quel technicien de Cœur de Forêt Sud-Ouest, quelques ares[1] de bois, un après-midi ensoleillé et des propriétaires avertis. C’est une formule que nous développons plus spécifiquement sur la Bouriane. En effet, en attendant les quelques siècles qui nous séparent encore de la « forêt mature » tant attendue, les propriétaires peuvent commencer à ‘jardiner’ délicatement cet écosystème. D’autant plus qu’ils en ont besoin pour se chauffer ! Jardiner sa forêt, en pouvant se chauffer, et ce, tout en préservant le bois mort, qui comme on le sait aujourd’hui, à un rôle primordial en forêt, c'est ce qu’ont réalisés nos trois heureux propriétaires cette saison !


Premièrement, nous plaçons nos rubans blancs, autour des arbres sociaux ou sentimentaux, ils ont une place spéciale dans le Cœur des propriétaires forestiers. Nous essayons, de les préserver, tout autant que l’ambiance autour.


Ensuite, nous sortons les rubans bleus. Ils seront mis autour des arbres d’avenir, ceux qui produiront les charpentes ou encore mieux les meubles de demain ! Alors, une fois fait, regardons comment « aider » ces derniers à se développer. Nous enlevons les quelques individus qui leur feraient concurrence. Uniquement ceux-là !

Il suffit parfois de peu de choses, quelques garde-fous (la composition, la structuration) pour opérer des changements significatifs dans le regard des propriétaires. Par cette action, certains gestes peuvent être corrigés. Nous l’accompagnons d’une bonne formation bûcheronnage et nous voilà prêts à nous engager dans une vraie sylviculture. À petite échelle, mais avec beaucoup de sens !

 

Des actions d'améliorations concrètes


·  Marquage : Effectué par le propriétaire avec l'aide technique d'un salarié de l'association.


·  Bûcheronnage et façonnage : Réalisé par le propriétaire ou une entreprise, cela implique l'abattage sécurisé des arbres marqués d'un ruban rouge, en évitant les arbres avec ruban bleu ou blanc. Les arbres abattus sont ensuite façonnés selon les besoins (billes entières, sections de 6m, 4m, 2m, etc.), équilibrant les besoins et les moyens disponibles pour sortir les bois de la forêt.


Louisa entrepreneuse et Baltik son percheron d'1m85

·  Débusquage et débardage : Le débusquage consiste à déplacer les bois abattus vers le premier chemin accessible. Le débardage les transporte ensuite vers une zone de dépôt où le propriétaire peut les revendre, les stocker ou les façonner définitivement selon l'usage prévu.  Le débusquage est un bon complément à la mécanisation sur des stations fragiles. Le sol prendra moins d’impact, mais il sera plus difficile de dégager de gros arbres sur de longues distances.





Pourquoi et comment Cœur de Forêt aide les propriétaires forestiers ?


Eclaircie douce et utile

Les éclaircies de bois sont cruciales pour atteindre les objectifs sylvicoles définis avec les propriétaires forestiers. Cependant, la transmission locale des pratiques forestières a souvent échoué. Certains propriétaires, pensant bien faire, contribuent aux dysfonctionnements. Ils prélèvent le bois mort, ils suppriment systématiquement les ronces, et ils abattent les arbres plus petits, au détriment de la création d'un sous-étage protecteur. L'équipe, sans jugement, instruit les propriétaires sur des pratiques différentes et soutient financièrement une partie des travaux lorsqu'ils s'engagent à long terme dans la gestion durable de la forêt.


Nous encourageons chacun à se joindre à nous et à soutenir la forêt française en parrainant un arbre. Ensemble, nous pouvons faire la différence et œuvrer pour un avenir où l'humain et la forêt coexistent en harmonie.

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[1] une surface de 1000 m2


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