Les liens qui nous unissent sont souvent invisibles, tracés par des chemins difficiles à suivre. Par exemple, plus les feux de forêt se multiplient, moins il y a de précipitations. Un lien subtil, mais crucial, qui mérite toute notre attention.
Dans un flot d'actualité dense, les feux en Amazonie sont parfois relégués au second plan. Pourtant, ils devraient capter notre regard par l’ampleur de leur destruction immédiate et leurs conséquences durables. Comment comprendre l'impact réel de ces incendies ? Quelle en est la véritable cause ? Et surtout, quelles sont les répercussions à long terme pour nos écosystèmes forestiers ?
Cet article se penche sur ces questions essentielles et dévoile pourquoi ces feux cachent des menaces bien plus graves qu'il n'y paraît.
Les incendies : un mal nécessaire pour les forêts ?
Contrairement à l’idée reçue, les incendies en eux-mêmes ne sont pas nécessairement catastrophiques pour les forêts. Certains écosystèmes forestiers se sont adaptés au feu au fil des millénaires. Par exemple, le chêne-liège possède une écorce spécialement conçue pour résister au feu. Pourquoi ? Il a dû créer une carapace capable de se protéger.
Dans d’autres systèmes, le feu permet la régénération de certaines espèces végétales.
Cependant, il y a une distinction à faire entre les incendies naturels et ceux déclenchés par les activités humaines. Dans le monde, 90% des départs de feux sont d’origine humaine. En Amazonie, la majorité des incendies sont causés par la déforestation et l'agriculture. Lorsqu'une forêt brûle pour faire place à des parcelles agricoles, elle ne se régénère plus. À ce moment, la destruction n’est plus temporaire, mais permanente.
Un sol fertile, mais un avenir incertain
Sur le court terme, les terres brûlées peuvent paraître fertiles et se régénérer rapidement. En effet, les sols des zones récemment incendiées sont souvent riches en nutriments, ce qui facilite la repousse. C’est ce qui motive les producteurs à convertir des forêts en champs agricoles. Mais cette pratique entraine deux graves conséquences :
- La destruction des forêts par le feu a un effet immédiat par la libération massive de carbone dans l’atmosphère
- La perte de vies humaines et animales, dont des espèces déjà menacées dû à la fumée toxique.
À long terme, les impacts sont encore plus graves. La destruction des forêts perturbe les cycles naturels, notamment le cycle de l’eau, et entraîne l'érosion des sols. Ces effets combinés aggravent la désertification.
Les rivières volantes, une retombée utile
L’Amazonie joue un rôle crucial dans le cycle hydrologique mondial, notamment à travers le phénomène des "rivières volantes". Ce terme fait référence aux masses d’eau présentes dans l’atmosphère, qui quand ils sont visibles se nomme : les nuages. Ce cycle est essentiel pour les précipitations dans les régions continentales, parfois à des milliers de kilomètres des côtes.
Les forêts, grâce à leurs racines, pompent l’eau en profondeur. Par le processus de l’évapotranspiration, chaque arbre libère des centaines de litres d’eau dans l’atmosphère, créant les nuages. Ces nuages se rechargent continuellement en eau grâce à la présence des forêts.
Vous vous en doutez, si les forêts sont détruites, les nuages ne peuvent plus se recharger en eau. Résultat : les pluies deviennent de plus en plus rares loin des côtes. Ce phénomène contribue directement à l’assèchement des terres, un processus que l'on observe déjà dans certaines régions comme la Bolivie, qui risque de se transformer en savane puis en désert si la déforestation de l'Amazonie continue.
Déforestation et désertification, une allitération en « d », destructrice.
La véritable catastrophe réside donc dans la désertification qui suit la destruction des forêts. Les incendies anthropiques, déclenchés pour l’agriculture, perturbent tellement l’écosystème que ce dernier ne parvient plus à se régénérer. Le remplacement des forêts par des terres agricoles ou des pâturages fragilise les sols, accélère l'érosion et diminue leur fertilité. Le cycle de l’eau est gravement perturbé, entraînant des effets en cascade sur les écosystèmes et les populations locales.
Autrefois riches, des forêts sont maintenant des étendues de prairie. C’est le cas des forêts de garrigue en France. Elles témoignent de l’impact irréversible des activités humaines sur les écosystèmes.
Soutenez nos actions d’urgence en faisant un don libre sur notre collecte. Tous les dons collectés serviront à réparer les dégâts des incendies en cours ou de lutter contre de futurs incendies proches de notre zone d’intervention en Bolivie.
Sources :
Vianney Destombes – Coordinateur technique Cœur de Forêt
Laurane L’Haridon - Coordinatrice du projet Cœur de Forêt Bolivie
« EXPLOITER DURABLEMENT LES FORÊTS TROPICALES » Plinio Sist
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