Rapport Annuel 2021 : Projet Madagascar Masoala [1/2]
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  • Photo du rédacteurElisa Fauvernier

Rapport Annuel 2021 : Projet Madagascar Masoala [1/2]

Dernière mise à jour : 18 oct. 2022



Partie 1 : Restauration



La situation géographique du projet au sein de la presqu’île de Masoala lui confère un climat tropical très intense et un niveau de pluviométrie suffisamment régulier tout au long de l’année pour assurer un reboisement presque ininterrompu sur l’année. Cela présente un avantage pour l’étalement dans le temps des activités de plantation, mais nécessite une logistique complexe pour combiner les activités de collecte de graines en fonction des périodes successives de floraison et fructification, et les différents niveaux de croissance. A cela s’ajoute la nécessité de créer des pépinières réparties selon les zones à reboiser du fait de l’absence de voie de transport terrestre. Le savoir-faire des équipes locales est alors de coordonner ces différents paramètres afin d’obtenir lors de la plantation une diversité de jeunes plants matures pour être plantés.


La campagne de reboisement 2021 a permis de planter 86 742 arbres comprenant 15 espèces sur 40 ha répartis sur 10 parcelles sélectionnées. Les objectifs de plantation ont dû être revus à la baisse (100 000 arbres plantés initialement) car le mois de décembre a été frappé par une forte sécheresse de 3 semaines amenant à retarder les plantations pour garantir leurs meilleures reprises.

Cette sécheresse inhabituelle a malheureusement aussi eu pour conséquences de permettre la propagation de feux et nos parcelles reboisées n’ont pas été épargnées. Les feux se sont propagés à partir de plusieurs foyers, issus de parcelles de riziculture, pendant plusieurs jours et les équipes Cœur de Forêt n’ont pu que freiner son avancée. Un dérèglement des saisons et une quantité de feux incontrôlés ont été observés et qualifiés « du jamais-vu » par le Coordinateur de projet, Samuel Adam, depuis le lancement de nos actions en 2010. Une évaluation des dégâts a pu être mené courant janvier pour effectuer un comptage des arbres brûlés sur 7 parcelles d’une surface totale de 90 ha plantés depuis 2019 : ce sont 148 866 arbres reboisés qui ont été brûlés, soit plus d’un an de travail qui est parti en fumée ! C’est un drame qui met en avant l’impact du changement climatique mais aussi l’enjeu de sensibilisation des producteurs présents aux alentours des parcelles reboisées à l’usage contrôlé du brulis.


Une plainte a été déposée et 5 des auteurs (sur 7) ont été placés en prison préventive. En guise de solidarité et d’exemple, la gendarmerie locale a été effectuer une journée de plantation pour participer au reboisement des terrains.


Les équipes ont été « secouées » mais le retour de la pluie (et des cyclones) en février a permis de donner un nouvel élan à la campagne de reboisement afin de reboiser en priorité les parcelles brulées. Les terres mises à nues sont beaucoup plus rapides à reboiser, car il n’y a pas d’activités de défrichage et créations de layons à travers les herbes hautes. Fin février 2022, ce sont déjà 50 000 jeunes plants et 20 000 semis directs qui ont pu être implantés dans les parcelles brûlées.

Pépinières


Ces reboisements sont rendus possibles par la production continue de 5 pépinières tenues par 4 pépiniéristes, dont 1 femme, avec une capacité de 120 000 arbres. Les espèces en pépinières et reboisées sont au nombre de 15, dont plus de 70% sont endémiques de Masoala : Hintsy (Intsia bijuga), Foraha (Calophyllum inophyllum)(*)(LC), Bois de rose ou Andranomena (Dalbergia maritima)(*)(EN), Mandrorofy (Hymenaea verrucosa)(*), Ramy (Canarium bullatum)(*)(VU), Vapaka (Uapaca thouarsii) ou Vapaka fotsy (Uapaca Sp1), Hazomena (Khaya madagascarensis)(*)(VU), Sakoanala (*), , Nanto (Faucherea)(*)(LC), Azovola (Dalbergia baroni)(*)(EN), , Rotra (Syzygium)(*), Antohiravina (Phyllarthron madagascariensis)(*), Tavolo (Cryptocaria thouvenotii ou sp1)(*), Tamenaka (Hirtella ou Magnistipula temanaka sp) (*)(LC), Azina (en cours d’identification botanique). Le Bois d’Ebène n’a pas pu être multiplié en 2021 du fait de la mauvaise fructification.


Parmi ces espèces, celles suivies d’un astérisque (*) sont endémiques de Madagascar, et parfois également sur liste rouge de l’UICN, avec un statut de conservation donnant la gravité de la menace qui pèse sur l’espèce citée. Les statuts de conservation UICN allant du moins critique au plus critique : (LC) pour Least Concern (en français : Préoccupation mineure), (VU) pour Vulnerable (en français : Vulnérable), (EN) pour Endangered (en français : En danger).



Modèles de reboisement & Suivi d’impact


4 modèles de reboisement sont utilisés en fonction de la typologie des terrains (fertilité du sol, orientation, topographie, …) : un modèle à croissance lente et un modèle à croissance rapide sur les terrains montagneux qui sont en bon ou moyen états ; un modèle à croissance rapide pour les terrains montagneux dégradés ; un modèle inspiré de « Miyawaki ». Ce dernier modèle se traduit par des techniques de reforestation à forte densité associant des semis directs d’essences à croissance rapide et des plantations d’essences à croissance lente.


Les parcelles reboisées sont identifiées l’année précédant la plantation et appartiennent aux familles des villages aux alentours, en particulier d’Ambohitsara. Pour la campagne 2021, ce sont 8 familles qui ont reboisé leurs terrains, accompagnée de 16 planteurs, dont 6 nouveaux.


Une méthodologie de suivi d’impact a été mise en place par le Coordinateur de projet, Samuel Adam, et la Coordination technique des activités agronomiques et forestières des projets au Siège, Elsa Setton. Elle permet la prise de relevés sur différents indicateurs du sol et de la végétation afin de connaitre le niveau initial des indicateurs avant les activités de reboisement, puis de les comparer année après année et mesurer ainsi les impacts du reboisement sur les terrains. 7 producteurs (Mary, Lebo, Augustin, Jaofaly, Floriette, Lava, Lucienne) participent à ce suivi d’impacts.



Il est trop tôt pour ressortir des analyses significatives mais des observations montrent des résultats très intéressants. Concernant le modèle « Miyawaki », la croissance des plants semble être assez similaire aux autres modèles de reboisement, mais sans avoir à dépenser de l’énergie pour une mise en pépinières des plants et un défrichage post-plantation.




Le taux de réussite est particulièrement bon, quasiment 100%, car le travail de préparation du terrain et du sol et le climat tropical assure des conditions propices à la reprise des jeunes plants. De plus, les plants l’année suivant leur plantation, sont suivis et remplacés s’ils n’ont pas repris, et ils sont protégés à travers 2 sessions de défrichage pour supprimer les plantes grimpantes pouvant les asphyxier. Ce sont 101 618 arbres dont les abords ont été aérés en 2021. Ces techniques, bien que fastidieuses, garantissent la bonne croissance des plants. La croissance des jeunes plants est assez impressionnante.

Certaines espèces comme le Hintsy (Intsia bijuga), le Mandrofory (Hymenaea verrucosa) ou l’Hazomena (Khaya madagascarensis) atteignent en 2 ans plus de 3 mètres !


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